Issu d’Argentine mais basé à Bilbao, le trio devenu quatuor pour les besoins de la scène a en effet assuré un set qu’on gardera en mémoire et comme référence du genre un long moment mais avant eux, c’est un autre groupe « wild », les rouennais de Magic Hawaï, qui a de son côté et pour inaugurer les débats, cinglé le public amienois de ses compos garage/surf énervées, jouées dans l’urgence et à grands renforts de contorsions scéniques attestant de l’intensité du registre et de l’implication de ses créateurs. Et si l’étendue du registre est moins conséquente que chez Capsula, les normands assurent comme il se doit une succession de bons morceaux, auxquels ils laissent un répit l’espace de deux ou trois morceaux légèrement moins tendus. A suivre de près -le groupe n’en est pas à son coup d’essai scénique et s’est déjà fendu de sets performants-, voilà donc, dans l’attente d’un album, une formation digne d’intérêt, dans un créneau qui plus est sans concessions.
Passé cette belle confirmation, un Capsula mi-masculin/mi-féminin (jolie bassiste aux interventions vocales qui m’évoquèrent Kim Gordon) allait faire monter la pression d’un cran et instaurer un gig entre garage, psychédélisme et rock noisy, parfaitement ajusté et aussi génial dans ses mélodies que dans ses bifurcations bruitistes. Actif de puis 1997, le groupe a de toute évidence acquis une légitimité qu’on ne lui contestera pas, notamment au vu de cette prestations bluffante. Le chant en Espagnol amène, en outre, une touche d’originalité qui fait encore croître la séduction opérée par Capsula, dont l’amalgame entre ses influences, exemplaire, génère une apparition de tout premier ordre. On croque à pleines dents dans ce rock multiformes mais constamment cohérent, entre sauvagerie et charme féminin encanaillé, du même niveau, c’est dire, que K-Holes il y a quelques semaines dans un registre pas très éloigné. Un concert « Sublime », à l’image de l’intitulé d’un des derniers albums des Ibères dont la pluralité rappelle le Brian Jonestown Massacre.
C’est aussi poisseux que lumineux, aussi frontal que joliment nuancé ou encire nébuleux et quelle que soit la piste explorée, on reste coi devant la qualité et l’intensité offertes, Martin, Coni et leurs eux acolytes tout aussi habités faisant étalage d’une sacré carnet de scène. Ne manquait à cette prestation incandescente que la chienne du groupe, la craquante Txula mais pour le coup et bien que peu nombreux -insuffisamment eu égard au spectacle vécu-, les Lunaires du soir en auront eu pour leur argent, en se livrant de plus à une BA forcément estimable.
Photos William Dumont.