Avant cela et de façon courte mais représentative de belles dispositions, The Black Angel Lounge aura fait montre de capacités affirmées à dresser un décor psyché obscur, joué d’ailleurs dans la quasi-pénombre. Dommage, en ce sens, qu’il ait fallu stopper, en raison de problèmes techniques, le set des Américains au moment où on commençait justement à s’imprégner de leur climats lestes et assez prenants pour qu’on y adhère.
Blue Angel Lounge
S’ensuivra une attente somme toute sage, comblée par une set-list évidemment solide, qui débutera par Mohammed et We used to be friends, puis Shakin’ et Not if you were the last junkie on earth, pour ensuite instaurer les You were the last high, Bohemian like you (jouée avec réserve mais néanmoins et fatalement appréciée) et Boys better, pour faire court, combinées à d’excellents titres du petit dernier, un This machine aux airs de retour à un rock plus charnu, telles Sad vacation ou The autumn carnival, toutes deux par ailleurs excellentes. Sans exubérance, le groupe de l’encanaillé à la dégaine proche de celle de David Eugene Edwards -en moins authentique et possédé, peut-être, en revanche, plus déviant-, en dépit d’un set que j’aurais personnellement préféré plus « wild », va par le biais de ses compos et de son positionnement, ou plutôt son refus d’une posture musicale précise, comme chez ses ennemis préférés du Brian Jonestown Massacre, rafler la mise sans qu’on réalise précisément, au moment même ou il joue, qu’on vit un moment de taille. La prise de conscience est maintenant achevée mais pour le coup, l’emprise est telle qu’on ne peut pleinement saisir.
Dandy Warhols
Il n’empêche, le louvoiement du groupe entre rock, folk et psyché-pop lui vaut une identité affirmée, de nombreux tubes du genre et à l’arrivée, une reconnaissance large et logique. Et quand bien même on a connu un groupe plus fougueux, une Zia McCabe plus outrancière et un Taylor plus excessif, la sobriété nouvelle du groupe semble le bonifier, après un passage à vide sur un deux albums. On oubliera donc sa retenue pour se concentrer sur un contenu de haut niveau, qui plus est généreux (une vingtaine de titres seront joués), dont on prendra donc toute la mesure, peut-être, après coup. L’emprise étant telle, sur le moment précis, qu’on ne peut réellement saisir qu’on vit bel et bien un grand moment.
C’est pourtant bel et bien le cas et ce n’est pas fini puisqu’en cette fin d’année, Dionysos, Eiffel et les Fleshtones, entre autres, se chargeront d’optimiser les moments de félicité que la salle aux armatures jaunes nous permet régulièrement de vivre. Ceci à grand renfort de régalades soniques avant celles, moins digestes, des fêtes de fin d’année.
Photos William Dumont.