C’est donc son garage simultanément classieux et sauvage, assorti de nombreuses pauses spectaculaires et d’un chant féminin dont la sensualité enjolive le fatras jouissif de cet activiste prolifique et talentueux, qui endiable dans un premier temps le Club du 106. La succession de morceaux sans failles, des quasi-standards du genre, de Chain and the Gang dévoilant un sacré bon groupe, expérimenté et sans ajouts superflus, brut et authentique et doté, de surcroît, d’un cachet à l’ancienne qui consolide sa crédibilité. Ca crisse, ça joue juste bien que « débraillé » et à l’issue, on prend une première « mornifle » qui nous prépare parfaitement au bazar sonique de Ty Segall.
Et celui-ci, affuté et remonté, va en effet jouer en rangs serrés, dans une confusion parfois gênante, une série de titres garage touchant autant au courant lo-fi qu’au rock 70’s ou encore 90’s, selon un imbriquement des tendances bien construit, qui a pour vertu de rappeler à notre bon souvenir des époques fructueuses et regrettées. L’inconvénient étant que par instants, de façon heureusement brève, ressort de tout cela l’impression d’un excès sonore pas toujours profitable.
Toutefois, ce côté pour le moins spontané et la valeur du registre du songwriter américain font la différence, et on y trouve son compte notamment lorsqu’on est adepte d’un rock urgent et embrasé, sans concession aucune. Peu de temps morts, des chansons jouées en rangs serrés et très souvent « up tempo », des compos au dessus de la moyenne et un jeu frontal: voilà la « recette » de Ty Segall, efficace et libératrice, dont le 106 aura en cette soirée largement profité. Et qui complète dans la déviance sonore une programmation qui, notez-le bien, nous réserve dans un avenir proche de nouvelles bien belles surprises.
Photos William Dumont.