NZCA/Lines
Auteurs de deux opus respectifs largement estimables, à défaut d’être entièrement transcendants, les groupes ont, en plus de s’avérer complémentaires, assuré une prestation mémorable, suscitant très certainement l’envie chez les nouveaux « Lune addicts » (jeunes et nombreux, on s’en réjouira) de revenir au plus vite fouler le sol de l’emblématique structure terrée au beau milieu de bon nombre d’établissements dédiés, eux, aux arts culinaires.
NZCA/Lines, dans un premier temps, gratifiant le public d’une electro-pop fine et sensible, aussi groovy que soul, en certaines occasions, dans la voix. Un véritable enchantement, approuvé sans plus tarder par un auditoire conquis, que l’ex-Metronomy Gabriel Stebbing et ses acolytes mettent dans leur poche par le truchement de plages irréprochables comme Okinawa channels ou Compass points, vives et finaudes, qui permettent à la foule, déjà, de passer un moment de ceux qu’on garde en tête. Entre subtilité, brefs passages plus froids et intérêt sans cesse renouvelé, beauté poppy et atours electro soignés, bien beau passage donc du trio anglais.
Breton
Ceci étant fait -et bien fait-, la tension allait monter d’un cran et prendre des airs plus post-punk (dans l’énergie dégagée) avec Breton, capable de porter aux cimes, avec vigueur, inspiration et bonne humeur un opus de ce fait transfiguré par le live. Entre electro, élans cold, rage débridé alliée à des instants moins enragés, Breton définit presque à lui seul un territoire musical novateur, affranchi de toute influence par trop pesante et étayé par des voix entrecroisées du plus bel effet (Wood & plastic, Interference) et des attitudes authentiques, représentatives d’un enthousiasme et d’une implication qui accentueront encore la séduction née de son set et son intensité. Folle, heureuse, l’assistance communie et de mémoire d’écumeur de salles sombres, rares sont les moments aussi aboutis, aussi prenants et fulgurants, quand bien même il m’est régulièrement offert d’assister à de solides gigs. On ne compte même plus les titres-phare, on met en avant l’ensemble plus que chaque titre isolé et il faut se rendre à l’évidence; Breton, magistral, nous met sur le flanc. On y reste, on n’en perd pas une miette et…on vit, on existe, tout simplement, transporté qu’on est par des chansons de chair et de feu parmi lesquelles les compos plus assagies (le plus « nuageux » 2 years, par exemple) ou plus lestes (Ghost note)passent l’épreuve sans flancher.
Phénoménal, après Crocodiles et un leur apparition brève mais consistante, l’enchainement NZCA/Lines-Breton s’impose, en tout cas dans mon souvenir, parmi les concerts les plus notables vécus à la « Lune », parfait « hébergeur » de groupes aux registres enchanteurs.
Photos William Dumont.