Samedi 30 Juin.
C’est sous 30 solides degrés et après m’être versé des litres d’eau sur le visage et la nuque que l’entrée du site me tendit les bras.
Je montrai fièrement mon badge presse pour accéder aux coulisses réservées aux journalistes et me fit discret au milieu des chapiteaux. Pendant que les photographes se rafraîchissaient d’un côté, le stand de France Inter était en direct de l’autre.
Le rendez-vous était pris en fin d’après-midi pour la conférence de presse de trois grands noms de l’électro français : Kavinsky, Sebastian et Busy P.
En effet, ce dernier avait eu carte blanche du côté de la scène de la Plage pour la soirée du samedi. Busy P, de son « vrai » nom Pedro Winter, nous avait prévu un programme plutôt riche et d’actualité de 20h à 3h, sous le nom de « La Plage à Pedro« .
Il expliqua d’ailleurs en conférence de presse pourquoi les choix de Electric Guest, Kavinsky, Kindness, Sebastian, Scream&Benga et lui-même. Il avait préféré un certain éclectisme à trop de facilité, en ne piochant pas que chez Ed Banger.
A ce moment-là, nous ne savions pas encore qu’une tempête en déciderait autrement et que tout serait annulé en plein milieu du set de Kavinsky. Mais nous y reviendrons. Une heure avant la conférence, à 16h45, pour le premier concert de mon week-end (mon vendredi m’ayant servi uniquement au transport entre Bordeaux et Belfort), j’assistais à mon premier coup de coeur. J’ai nommé Sallie Ford & The Sound Outside.
Sallie Ford, toute droit venue des Etats-Unis, d’une voix claire et presque adolescente, écumait la Grande Scène de ses compositions indie folk rayonnantes et soignées. Un set parfait pour une première immersion en douceur dans l’ambiance du festival.
Un groupe jeune, modeste et talentueux, que l’on pouvait croiser dans le public durant la journée, se prêtant volontiers aux photos pendant le live de Thee Oh Sees, juste après la conférence de presse de la journée.
Thee Oh Sees, tout droit venus des Etats-Unis eux aussi, rangés sous l’étiquette garage rock sur le programme des Eurocks, attisaient ma curiosité depuis quelques semaines. J’en espérais peut-être trop, d’où ma déception. C’est plutôt l’ennui qui régnait dans le public de la Green Room, d’ailleurs les mimiques du chanteurs devinrent rapidement agaçantes. Direction la Grande Scène par la suite, pour voir les Dropkick Murphys jouer leur punk rock à l’ancienne. De manière acérée et sans temps mort. Comme si les riffs ultra-puissants attiraient les nuages noir qui, pour l’instant, ne faisaient que passer tranquillement au-dessus de nos têtes. Pour l’instant.
J’allai ensuite prendre la température du côté de La Plage, où Kavinsky enchaînait les pistes électro sans grand intérêt sinon de faire danser les moins exigeants, ou les plus alcoolisés. Ou les deux.
Il eut à peine le temps de faire monter l’ambiance sur une longue intro difficilement reconnaissable de ce qui fut l’une des révélations de l’année, « Nightcall », un petit bijou électro pop que l’on ne présente plus. Comme le film auquel il se rattache.
Puis la pluie fit des siennes.
Pas de la plus petites des manières, à vrai dire. En trente secondes, mon t-shirt trempé me collait déjà froidement et toutes les scènes s’éteignirent les unes après les autres. La pluie continua de tomber à verse durant dix minutes, pour s’arrêter lentement sans s’absenter totalement durant toute la nuit, voire durant tout le week-end.
Miike Snow, sur la scène de la Green Room, essaya d’enchaîner mais le set fut à nouveau coupé, comme un clin d’oeil, en plein début de la superbe chanson « Sans Soleil ». On annonça une nouvelle déferlante dans les instants à venir, ce qui ne rata pas. Dix nouvelles minutes de litres d’eau sur la tête.
Beaucoup partirent mais il était hors de question de rater l’une des principales attractions de la soirée, même de l’histoire du festival. Je ne pouvais pas ne pas voir The Cure.
Direction la Grande Scène donc, et malgré la boue qui commençait à prendre place sur la presqu’île, les fans étaient au rendez-vous. Avec une heure de retard due aux intempéries, Robert Smith affichait son plus beau sourire carnassier. Tout de sombre vêtu, de sa voix légendaire il enchainait les succès et les chansons moins connues également. Il faisait froid, cette nuit-là, mais ce n’était pas la raison des frissons qui parcouraient ma peau à ce moment, surtout pendant la superbe « Pictures Of You » qui prit alors une ampleur incroyable.
Les aléas d’une programmation un poil trop chargée et du climat de l’Est me firent rater avec grand regret les sud-africains de Die Antwoord, la révélation Wiz Khalifa et à un degré moindre les frenchies de Justice.La soirée se termina là pour moi. J’étais trempe et plus froid encore que la voix de Robert Smith qui susurre « The spiderman is having me for dinner tonight ».(Photos officielles des Eurockéennes, journée du samedi : http://www.eurockeennes.fr/index.php/2012/photos-samedi)
Le dimanche aux Eurocks pour Muzzart : DIMANCHE