Musicalement, Mystified évolue dans une sphère qui pourrait évoquer un System of a down plus subtil ou un Muse moins irritant, moins maniéré, et signe des compos dont ces influences transparaissent, certes, mais de manière discrète, sans jurer, et qui sont avant tout le résultat de l’immense ressenti et de la créativité du trio. Tout, ici, est impeccablement joué, superbement chanté et la pureté de certains passages, leur finesse, cohabite dans heurts avec des élans plus bourrus.
Il en résulte un produit personnel à souhait, autant donc dans le genre que sur le digipack lui-même (bien pensé et dont le contenu explique d’illustration/explication aux chansons de l’ep) et dans les histoires narrées, qui honore grandement les trois normands et fait d’eux, d’ores et déjà et sachant que d’autres sorties suivront vite, un espoir certain. Bien entouré, mature et réfléchi, prolifique, Mystified impose là les The mask et autres It seems, entre autres brillants essais, qui feront de lui une formation de nature à tenir les planches et le haut du pavé sans avoir à rougir.
On prend donc grand plaisir à l’écoute, des grattes massives puis plus fines de Secretly (le jeu est parfait) à un Intentions de fin équilibré entre coups de boutoir rythmiques et instants plus posés, en passant par d’autres brillants morceaux tel le court What’s behind ou encore Every day, dont la cohérence trouvée entre guitares volubiles, chant expressif, de caractère, et rythmique souple et reptilienne s’exprime à plein.
On profite aussi des scories jazzy/bluesy de Name, et de façon générale donc d’un EP de début qui laisse augurer du meilleur pour peu que Mystified s’affranchisse de façon définitive des quelques bribes d’influences perceptibles ça et là, qui n’entachent cependant en rien la valeur de ses travaux.
A suivre de très près donc, Mystified place la barre à un niveau élevé et dispose d’atouts solides doublés d’un côté fertile à ne pas négliger.