La voix sucrée, parfois plus « méchante », d’Ayu Okakita se frotte à des nappes synthétiques diverses, toujours dignes d’intérêt, qui vont du doux troublé (Violaceae) à des déroulements agressifs tout à fait appréciables (les riffs durs de TMA où la chanteuse venue d’Osaka se fait plus offensive, en passant par tout un panel de climats saisissants).
De fait, l’inaugural I would rather explode et sa belle juxtaposition entre douceur et atmosphère dérangée, puis les séquences indomptables de Post six, aux sons perturbés, acidulés, plongent d’emblée dans l’univers, accompli, individuel, de Nedry qui signe à l’arrivée un bon album, jamais creux, au trip-hop réellement décalé (Havana nights, digne des climats les plus singuliers de Portishead). Jamais conventionnel, In a dim light se montre même de plus en plus attachant au fil des « auditions », et on s’entiche autant de la voix de la Dame que des instrumentations, racées et bien en phase avec son organe aussi glacé que chaleureux, un peu à l’image de Björk.
Ce côté barré, tout en restant stylé, fait le charme et l’accroche, l’identité aussi, du groupe et de cette nouvelle sortie, qui finit aussi bien qu’elle avait commencé, avec les stridences momentanées de Here now here puis un Home moins perturbé (quoique qu’avec un trame de fond gentiment tendue et une fin qui s’agite soudainement, la sérénité n’est toujours pas, c’est une bonne chose, de mise), et fait d’In a dim light un ouvrage recommandable.