En effet, tous les titres, dix au total, sont accrocheurs, aussi rugueux que veloutés, et déploient un panel d’ambiances auquel on adhère, entre rocks jouissifs à mi-chemin des deux tendances (Jesus is my girlfriend en ouverture), morceaux entièrement débridés de bon aloi, efficaces et sans manières (Woo hoo (You’re so)), et douceur bien amenée, matinée d’élans plus massifs (Hard enough qui clôt le trio introductif tout en donnant une idée assez précise du contenu général). La formule duo permet un rock aride, volontairement changeant et insoumis, et évite le « calque » de Polly Jean Harvey par le recours à une colère plus évidente, exprimée de façon plus récurrente.
Ainsi, on appréciera la cohérence du tout sans perdre de vue que la paire sudiste, douée, devra prochainement affiner son identité et se détacher d’influences encore trop audibles. Les sautes d’humeur de Storm plaident bien entendu en sa faveur, ses plages rentre-dedans, appuyées par le chant sensuel et canaille de Johanna Serville, également (Kiss me sweet), et rien ne flanche.
Le seul bémol à apposer à ce nouvel opus tient donc, uniquement, dans ce constat que les Cunt et autres Storm en conclusion estompent pour le moment mais qui, à l’avenir, pourrait entraver l’avancée de Jesus is my Girlfriend s’il s’en tient à ses sources d’inspiration premières.
Le groupe constitué d’Armand et Johanna étant à l’évidence doué des qualités requises pour s’affirmer et se détacher nettement de celles-ci, profitons donc pour l’heure de ce Storm de belle facture, dans l’attente donc de productions à venir plus personnelles encore.