Si le premier a été investi par une soirée electro destinée à lancer les festivités, « présidée » par un Arnaud Rebotini désormais de référence, c’est bel et bien le second qui, en plus de son superbe cadre, a abrité la soirée la plus marquante du festival, d’obédience pop-rock et que le génial Didier Wampas, épaulé par les expérimentés Bikini Machine (nous avons ici affaire, ne l’oublions pas, à d’ex-Skippies au sein desquels on trouve par exemple Fred Gransart, Patrick Sourimant et Mik Prima, a illuminé avec classe et extravagance. Après un instru dont les rennais ont le secret, l’inénarrable chanteur s’est lancé dans un démonstration empreinte de folie, lors de laquelle, outre son registre fiable issu de son album solo Taisez-moi, on l’a retrouvé tour à tour au sein du public, enlaçant à qui mieux-mieux quelques privilégié(e)s qui, soyons-en surs, n’oublieront pas cette étreinte de sitôt, perché avec Franck Hamel, son génial guitariste, sur une caisse à matériel, pour jouer un acoustique improvisé, ou encore grimpé sur la cabine d’un camion avec, en toile de fond, l’étendard français. Epoustouflant, modeste et de plus disponible, le leader des Wampas a de toute évidence trouvé sa pleine mesure avec ce registre bien sur provocateur (Chanteur de droite, La propriété c’est du vol…) et ces musiciens chevronnés, et ouvert la voie de façon flamboyante aux autres formations invitées. Le tout dans un esprit rock musclé ou plus mesuré, parfait écrin à sa folie. « Taisez-moi », chante t-il en se baladant dans la foule; non, cher Didier, nous ne te tairons pas et tu peux même l’ouvrir un long moment encore, surtout de cette façon.
Passé cette entrée en matière tonitruante, retour à un calme relatif -dans le comportement- avec Rover, l’une des dernières révélations hexagonales en date, drivé par un Timothée Régnier à la voix d’exception et s’appuyant sur un carnet de « songs » aussi mélodieuses, classieuses, que froides à la Interpol et cadencées, porteuses d’élans fiévreux. Un modèle d’émotion et d’intensité, aussi sensible qu’encanaillé, et une vraie seconde vie pour son album éponyme, magnifique à entendre sur les planches. D’Aqualast et ses merveilleuses envolées lyriques et offensives à un Tonight emmené par une basse charnue, prolongement de choix, donc, à la gifle Wampas/Bikini Machine.
Que dire, ensuite, de l’embrasante Natacha Le Jeune, sensuelle et magnétique, et de ses deux acolytes d’Oh la la!, à la réputation scénique largement établi et qui, à coups de Goodbye Superman, Paris ne t’aime pas, Relax ou Un poing c’est tout, entre autres chansons-choc issues de son premier album, a mis le public à genoux. Ca cogne, ça percute et l’ex-AS Dragon, pétrie de classe et armée d’une provocation intelligente, aux déhanchements remarqués, aura une fois de plus assuré une prestation de tout premier ordre, de celles devant lesquelles il est impossible de rester impassible. L’âge ne semble pas avoir de prise sur cette frontwoman aux déviances pensées, juste superbe et hautement enthousiasmante, qu’un Clément Fonio en parfait alter-ego et un Antoine Boistelle à la frappe sans faiblesses secondent parfaitement.
On se félicite d’être là, d’autant qu’entre les concerts de tiennent des spectacles de rue eux aussi de qualité et que des échoppes tenues par des personnes éminemment sympathiques vous permettent de vous restaurer ou vous rafraichir, avant le concert, d’une puissance impressionnante, des Subways dont le duo de choc constitué par son chanteur-guitariste et sa jolie bassiste assure le show auprès des spectateurs dont certains, à l’âge « fin de primaire » ou début de collège, ne rateront pas une miette en s’égayant sans retenue. Car c’est ça aussi, l’atout du Murmure du Son; fédérer, rassembler, et s’adresser à un public large. Le tout dans une belle convivialité, dans un festival à taille humaine que personne n’aura eu la moindre difficulté à suivre.
L’album Money and celebrity est joué en grande partie, avec rage et conviction et dans le mouvement quasi-perpétuel, de même que l’hymne du groupe, Rock & roll queen. Et si le registre des Anglais est immuable et ne surprend guère plus, le niveau des compos et leur intensité rendent le show assez bluffant. Et au final, on ne peut qu’adhérer à cette déferlante sonique jouée par un power-trio soudé.
On s’en remet à peine, suite aux échanges de Charlotte avec les premiers rangs dans la foulée du dernier titre asséné, à base de « hand shaking », qu’il est temps pour Tiken Jah Fakoly de livrer son reggae, en décalage avec le contenu des groupes précédents mais surprenant de par sa musicalité, à un public qui cette fois encore n’en gaspillera pas un instant. Certains, dans le lot, avouant même n’être venus que pour l’Iviorien contestataire. Un bon moment de « coolitude » insoumise, bigarrée et hautes en couleurs, et une bien belle conclusion à un évènement large dans les genres, ouvert d’esprit.
En conclusion donc, il devient inutile d’épiloguer et pour l’avoir vécu par le son et l’image, baigné dans une chaleur appréciable et réjoui par un accueil à souligner et à mettre en avant, je ne peux que vous recommander le Murmure du Son, pour les multiples raisons évoquées plus haut. En ne doutant d’ores et déjà aucunement de la fiabilité de l’édition 2013, dont je serai bien entendu partie prenante.
Photos William Dumont