Auteur d’un set court mais plaisant, expérimental à l’image de ses formation d’appartenance, Warsky allait révéler à tous une musique aux effets psyché conséquents et ambiances prenantes, underground, plus audacieuse et décalée que la pop électroïde, agréable à l’écoute certes mais qui passe aussi par le truchement d’une attitude savamment étudiée, de la vedette du jour. Un bon moment de « trip » entre quiétude et élans plus bruitistes (Asleep in the train), à la fois sensible et perturbé, aux voix parfois sussurées, en d’autres temps doucement poppy, sur fond de spirales synthétiques, et de sonorités, bien amenées et bien conçues. A l’instar de son album Painkillers and alcohol donc, une prestation marquante et envoûtante pour qui fournit l’effort, pas si contraignant, d’intégrer une démarche a-normale et de s’imprégner de l’univers de ce routard aux vertus évidentes.
Révélation à prendre en compte donc, avant un Tellier forcément attendu, fortement acclamé à son arrivée sur scène, aussi spectaculaire qu’exagéré, aussi sincère que bénéficiaire d’un buzz aux airs de « grosse machine » destinée, contrairement à l’objectif prétendument lié à l’Alliance Blueue, de rallier le plus grand nombre à son monde barré, irritant mais bien pensé. Car il y a au delà de ça du talent chez le bonhomme, qui à l’aide de gestes simples comme l’envoi de baisers ou le jet de fleurs et avec l’appui de morceaux à la fois creux (parfois, trop souvent?) mais au charme easy-listening évident, et enthousiasmants (souvent, tout de même; il faut savoir reconnaitre la qualité et les vertus mélodiques et « climatiques » de bon nombre de ses essais), tubesques et bâtis avec peu d’éléments, met sans sa poche un public dansant, dans l’extase, auprès duquel le battage médiatique et les débats/polémiques occasionnés par l’artiste du soir ont de toute évidence eu l’effet escompté.
Il n’empêche, on succombe, tout de même, à cette douceur electro-pop, proche d’un Air dont l’illustre barbu est d’ailleurs lui-même un fidèle, à l’acidité qu’il met de façon éparse dans des compos globalement réellement convaincantes. Tout en s’étonnant, cependant, d’un engouement qui, s’il est logique vu la teneur de sa discographie, n’en parait pas moins excessif. Restent donc le charisme de l’homme, indéniable, et un univers à la sensibilité cotonneuse ou plus vivace, émaillé de nombreuses bonnes idées dans l’étayage et de propos dans les « lyrics » qui, forcément, éveillent l’attention. Avec en plus de cela une manière d’occuper l’espace, d’investir la scène, marquante, et une sincérité…musicale allant de pair avec l’adresse manifestée dans l’écriture et la composition de ses nombreux hymnes, d’autant plus plébiscités que leur côté ouaté et spatial les rend d’autant plus addictifs pour la plupart. Majestueux, démonstratif mais très certainement, derrière ces apparences, estimable et adroit dans son créneau, qu’il a d’ailleurs le mérite de faire constamment évoluer, Tellier propose à l’arrivée un set de qualité dans le contenu sonore, plus globalement contestable dans ses penchants à l’excès, tout en soulignant le fait que ceux-ci accroissent non-seulement l’impact du personnage, mais aussi et par là-même sa popularité, indéniable en dépit de son souhait avéré de regrouper, par le biais de l’Alliance Bleue, une petite communauté. Que le contenu de son petit dernier, ce My god is blue aux chansons de qualité et qui passent bien l’épreuve du live, autant que dans ses sorties précédentes, aura en cette occasion renforcée dans son unité.
Pour le coup, c’est à une « communauté » plutôt fournie et conquise que l’intelligent provocateur a à faire face, pour un set finalement intéressant à tous point de vues: la musique débarrassée de toute autre considération, l’approche du bonhomme et la réaction, sincère ou plus « orientée » par le buzz autour de Sébastien Tellier, du public.
Photos William Dumont.