Au Rocher de Palmer quand on dit que ça commence à 20h30, ça commence réellement à 20h30. A peine le temps de finir une bière dans l’herbe, sous le soleil, et de faire la queue gentiment comme tout le monde que se terminait le (première) première partie de la soirée.
A l’entrée, nous étions transportés en pleine forêt, avec Chairlift qui nous téléportait au milieu de la cève légendaire. Oui, en fermant les yeux, je sentais les flèches me frôler, et les héros du Seigneur des Anneaux faire grincer leurs armures. J’y croisais même Robert Smith avec sa guitare favorite et les Cranberries cachés derrière un arbre géant. Chairlift qui a évolué plus dans la pop que précédemment depuis la culte Bruises déçoit un peu malgré l’énergie charmeuse de la chanteuse.
Puis au bout de quelques minutes d’attente, devant le X géant au dessus de la scène qui s’emplit de fumée, les trois anglais débarquent et font défiler les tubes du premier album sobrement nommé xx.
Sous les effets lumineux bleutés, ils alternent avec les nouveautés d’un album à venir, et nous parlent timidement.
Romy Madley-Croft, la chanteuse et guitariste ne dira que quelques mots mais fera suinter sa guitare aux riffs harmonieux, qu’importe qu’ils soient répétitifs ou faciles, ils sont extrêmement bienvenus et bien trouvés. Ils flottent au dessus des sons électroniques de Jamie Smith, le DJ du groupe. Ajoutez le tout à la voix grave et merveilleuse du bassiste Oliver Sim, et vous obtenez une pop rêveuse, mélancolique et fabuleuse de minimalisme.
Malgré un mashup un peu raté de l’Intro après leur rappel, le groupe délivre les superbes VCR, Crystalised, Islands ou Basic Space qui semblent si simples mais pourtant si grandioses. Car, osons le terme, ce premier album frôle le culte de la décennie au niveau de la pop.
Le côté électronique sophistiqué, les riffs élégants, les voix sexy et amplies de tristesse parfois, nous donnent des chansons dont on ne se lasse pas.
Les nouveautés semblent d’ailleurs appuyer cette part mélancolique où parfois les voix seules nous entraînent dans des mélodies sinueuses et pleines de charme.
Souvent, le public se sentait obligé de pousser un peu la voix et les applaudissements, de s’auto-encourager, frustré d’attendre le moment d’explosion. Mais The XX se permet de ne jamais en arriver là, tant leurs compositions n’en ont besoin. Il n’y a pas d’explosion dans le minimalisme, dans leur minimalisme. Ce n’est pas un but en soi, les mélodies de leurs voix piquées sur celles plus instrumentales et les émotions qui s’en dégagent suffisent.
The XX nous arrachent donc des lieux boisés pour nous clouer dans un spleen imagé, un peu torturé et ancré dans notre époque.
Avec tellement de réussite.