Lescop
Lesquels, avec à leur tête un ex-Asyl, se sont mis en avant et révélés à la plupart, le chanteur, théâtral et parfois même « Curtisien » dans ses mouvements, soulignant remarquablement une série de chansons solides, entre rock new-wave et cold mesurée. Le chant en Français ne dénote pas -il évoque donc, même, Daho, on s’en contentera amplement-, et l’énergie appliquée à l’exécution du set, ainsi que le non-positionnement du trio entre les genres, vaudra à un public reconnaissant un bien bon moment. Marlène et sa douce acidité, ou encore La forêt et sa poésie dramatique, les boites à rythmes sèches et les attaques des cordes, qu’elles soient quatre ou six, forment un genre qui évoque Guerre Froide ou les groupes les plus 80’s de chez Born Bad, avec cet irrésistible côté new-wave teinté de classe qui enthousiasme grandement. Avec en plus de ça la douceur tendue de Je danse, on recommandera bien sur Lescop et ses plages froides et presque mécaniques, dansantes et magiquement rétro.
Commence alors une attente forcément fiévreuse, récompensée par l’apparition d’une Charlotte Gainsbourg dont on se rend vite compte que malgré une quarantaine très proche, elle a gardé, avec du Birkin dans l’allure et une élégance doublée d’une belle modestie, les vertus qui firent d’elle, jeune, une révélation de taille. Son acolyte, le classieux Connan Mockasin, ajoutant au charme d’une prestation éclectique mais cohérente, entre rock, pop, electro et embardée psyché issue d’un titre à la montée en puissance terrassante. Les voix des deux principaux intervenants se complètent à merveille, sensibilité et intensité cohabitent et une cover du Ashes to ashes de Bowie magnifie le tout, en plus de l’intreprétation d’un titre écrit par le grand Serge lui-même au moment du premier album de sa fille. Frêle et magnifique dans sa tenue blanche, celle-ci irradie et mêle à une indicible tristesse un éclat musical, et humain, surprenant. La complicité est de mise, trahie par de beaux sourires et des regards entendus, et se traduit par une série de chansons accomplies dont l’une, assez trip-hop (It’s choade my dear, réalisation signée Connan), verra Charlotte tenir la batterie. C’est beau, ça charme autant qu’en certains endroits, ça « bouge » et quand bien même on peine à détacher son regard de Charlotte, on profite à plein de cette alliance au résultat irréprochable. Terrible angels, entre autres pépites, vient parfaire le show d’emblée et la discrète mais décisive présence de Connan, véritable virtuose créatif, en intensifie la portée.
Souriante, de plus en plus affirmée, pour tout dire désarmante, Charlotte nous envoûte et quand Connan se substitue à Beck sur Heaven can wait, le set atteint des sommets de grâce. C’est court, certes, mais marquant, et on ressort enchanté(s) d’une telle union, avec en sa fin l’excellent Paradisco et un Pour ce que tu n’étais pas merveilleux. Pour ce qu’elle est, elle, et ce qu’elle nous livre, pour cette belle amitié et ce qui en ressort, merci à cette artiste et à son nouveau compagnon de jeu, auteurs d’un concert dont le souvenir ne s’effacera qu’à l’issue d’un délai conséquent.
Photos William Dumont.