L’événement valait donc le détour, le duo basse-batterie local T.A.H.C. et les puissants et réputés Citadelle Deluxe se chargeant d’ouvrir la voie aux vétérans ayant entre autres joué avec Faith No More ou Suicidal Tendencies, entre autres, au cours d’un parcours plus que fourni.
T.A.H.C.
T.A.H.C. et son funk fusionnant, puissant, initié par une basse technique et groovy, charnelle, et une batterie percutante, s’est d’abord révélé à tous comme étant d’ores et déjà prometteur et novateur. Avec un Tarantism et un Mayo dans ses rangs, on ne s’en étonne guère et si la formule est déjà usitée, elle dégage en tout cas assez de groove, de feeling et d’inspiration, mêlés à une certaine puissance, pour laisser augurer de bonnes choses. Il s’agissait de plus de l’un des premiers concerts du duo, ce qui ne rend la prestation du soir que plus plaisante encore, le tout à renfort de mimiques expressives émanant des deux duettistes, impliqués à souhait.
Place ensuite donc à Citadelle Deluxe, dont on connait l’efficience à la Motörhead et qui, pour le coup, s’est livré une fois encore avec intensité, en jouant une série de morceaux uppercuts impeccables. A coups, eux aussi, de poses spectaculaires, les amienois ont apporté la preuve, maintenant quasi dispensable, de leur fiabilité. Entre rythmes assénés, guitares féroces et chant beuglé (dans le sens plaisant du terme, bien entendu) réjouissant, on se félicite toujours de telles apparitions, intenses et sans fioritures, bien amenées et jouées avec les tripes autant qu’avec une maitrise avérée du répertoire.
Citadelle Deluxe
Bel enchainement donc, avant que le trio tant espéré ne fasse valoir, lui, ses coups de boutoir hybrides et d’excellente tenue, jouées à volume élevé mais audible et selon une ouverture musicale, entre coups de semonce hardcore et breaks funky par exemple, ou entre punk-rock et plans jazz savamment tordus. Depuis 1984 et ses débuts, on dirait bien que Ralph Spight et ses acolytes, à l’image de The Ex, n’ont pris que peu de rides, musicalement parlant, et s’avèrent prêts à en découdre avec une énergie quasi-similaire à celles de leurs premiers pas. Les chansons phare pleuvent, les gifles soniques aussi et forcément, on en redemande car à l’image des Sonics au 106 de Rouen il y a un an ou des Buzzcocks à la GAM de Creil à peu près au même moment, c’est bien à une légende, qui plus est cette fois plus « underground » encore, qu’on à à faire. Celle-ci s’acquittant de sa tache avec générosité, tant dans le nombre de morceaux offerts que dans le jeu, et suivant une fusion des genres offensive mais, aussi, pleine de groove et hautement cohérente. Le tout dans un esprit DIY intelligemment mis à l’oeuvre, avec fougue et une mainmise qu’on ne leur dispute forcément plus.
Victim’s Family
Chapeau bas, donc, à ces trois messieurs et aux deux formations du cru, et vifs remerciements à la Briqueterie, qui accueillera bientôt La Femme, groupe français lui aussi estimable, pour une fin de saison aussi captivante que ce qui la précéda.
Photos William Dumont.