Christine & The Queens
L’événement, attendu, a donc attiré la grande foule, jeune et très souvent irresponsable voire irrespectueuse, pour certain(e)s, dont on peut même se demander si sa réelle préférence va réellement à la musique ou de façon plus affirmée à d’autres choses plus contestables. Passons et attardons-nous sur l’univers attractif « freak pop » de Christine and the Queens, aux titres à la fois ironiques (Kiss my crass) et humoristiques et, surtout, racés, délicats certes mais enchanteurs. L’espace de deux ou trois morceaux, on hésite puis le contenu et l’attitude de Christine envoûtent et la séduction opère. It et ses airs à la Bjork, la reprise du Who is it de Michael Jackson, dénudée, ou encore un Dress or die sombre de par ses claviers, a l’electro-pop contenue, de ce « faux queen » au registre nourri par son séjour à Londres donnent lieu à un set personnel, entre electro-pop doucereuse et a capella stylés. Sa prétendue pluri-personnalité lui donnant de plus un côté singulier, et théâtral, plaisant.
A l’issue de cette rencontre décalée, l’assistance se fait plus compacte et la paire Monet/Soler, comme à son habitude entièrement impliquée, va une fois de plus démontrer, nouveaux morceaux aidants, un brio de taille. Entre disco bondissant et electro ravageuse, la cadence impulsée par Jocelyn Soler s’accouplant aux sons entêtants de David Monet, il va sans dire que The Name, de plus en plus cohérent, s’impose comme l’un des groupes montants actuels les plus estimables dans le créneau concerné.
The Name
En outre, le chant, plus présent, casse une dynamique auparavant par trop instrumentale, et renforce l’impact des deux intervenants. On les louera donc pour l’initiative, l’album à sortir livrant lui aussi des « featurings « de taille dont celui du jour (Distance, premier single de l’album à venir), assuré par Christine elle-même avec dans le même élan du charme, de la vigueur et de l’insoumission doublée d’une attitude gentiment encanaillée. Haunted engine, bien sur, et ses orientations délibérément underground, aux climats successifs bien enchainés, constituera le clou du gig mais de celui-ci, on retiendra avant tout une force de frappe conséquente et une pertinence affirmée. Et entre le Components ou le Kidding et ses voix géniales du premier EP et The journey et ses keyboards guillerets et obscurs, nous voilà face à une formation sure d’elle-même, survoltée et qui, sans efforts outranciers, rafle la mise et déchaine l’assistance. Excellent concert donc, avant la conclusion assurée par Museum. Dont j’avoue, lassé par les comportements entrevus, n’avoir suivi que la moitié du set, émaillé de plages electro à la musicalité affirmée, dotée d’ambiances assez variées pour intéresser (Afraid by ou Mecanic fantasy), contemplatives parfois mais assez « mouvementées » pour inciter au trémoussement. Il faut dire que Mathieu Zub, guitariste et instrumentiste autodidacte, s’est d’abord frotté au rock avant d’incorporer…Black Strobe, tout de même. Ce qui lui permet de posséder les prérequis pour instaurer un projet personnel, Museum donc, façonné par ses expériences alliées à ses propres idées.
Museum
En conclusion, une soirée pleine, dont on regrette qu’elle n’ait réellement drainé de public massif que pour The Name mais dont le contenu aura à coup sur réjoui le public Lunaire et mis en scène trois artistes de valeur, ceci dans la perspective d’un album signé The Name très certainement probant.
Photos William Dumont.