On n’est jamais, ici, dans une banale dance dénué d’identité; au contraire, c’est la musicalité qui prime, alliée à d’indéniables penchants dansants et à une pluralité de climats jamais communs initiés par une belle inventivité. Dès King size bed, sensuel mais acidulé, planant et soutenu, on se laisse porter par ce groove de l’underground, vaporeux, prenant, qui de suite étale au grand jour les aptitudes de la dame. Les embardées hip-hop bardées de cuivres (Luvz 4 real), teintées de sons rock détournés, et les plages aux percus insistantes comme Facts of nature, ou plus découpées, sur voix aguicheuse (Crooked cop), font la différence et présentent un panel large et bien tenu.
Ingénieuse, Phoebe Jean enthousiasme et signe de bien belles réussites, plombées (Los Angeles 7**), ou à vélléités psyché, dépouillées mais aux sons réellement obsédants tel December 20th, ou encore carrément nuageux, haut perchés (Another nite). Et si une ou deux compos plus anecdotiques s’incrustent, Heartbreakers dispose d’assez de caractère et de bonnes intentions, accomplies, pour s’avérer être l’une des belles surprises de ce mois de mai. Sa fin nous le prouvera, entre le jazz dark de No game, génial, et le trip-hop de Cover girl. Les dits titres entérinant, si besoin était, l’intérêt d’une oeuvre digne de son label et la survenue d’une Phoebe Jean and the Air Force déjà largement estimable.