Différent de sa dernière sortie, laquelle se montre plus virulente, le Distingué signe un opus inaugural de toute beauté, au charme vénéneux, agrémenté de reprises décalées au second degré apprécié mais aussi, et surtout, de parfaite tenue.
Ainsi et outre ses compos personnelles, sans fautes et à l’enivrant parfum jazzy, le Ti Amo d’Umberto Tozzi, devenu un Je te hais en complète contradiction avec le morceau originel, ou Le Sud de Nino Ferrer, splendide, racé, ou encore une « french cover » d’As tears go by des Stones, devenu « Une seule larme« , se révèlent être d’éclatantes (ré)interprétations. A la fois désinvolte et distingué, sensible et ironique, Duvall mêle donc créations de choix (le gentiment vénéneux No, entre autres plages accomplies, Gigolo et ses effluves cuivrées caressantes) et « détournements » magistraux. Le titre éponyme, Comme la Romaine, est une sucrerie acidulée parfaite, textuellement, à l’instar de beaucoup d’autres, remarquable, un habillage sonore sobre et ajusté, élégant et jamais « plat » (Mona Lisa), et un morceau vif comme Je casse tout ce que je touche (Mustang, prends-en de la graine), enfoncent le clou d’un premier effort qui, près de trente ans après, a étonnamment bien vieilli. Et que Haut et court, ultime chanson chanté avec classe et ornée avec soin, dans l’économie de sons superflus, vient conclure sans flancher. Sans oublier La dolce vita et son acoustique fine mais presqu’offensive.
Beau « coup de flair » donc, signé d’un label décidément estimable, que la ressortie de ce Comme la Romaine bleuté et fortement attachant.