Pour qui aime l’épopée 90’s et ses nombreux groupes à guitare, Focusing on the worst, c’est du pain béni et une dizaine de compos abouties, sans arrangements « cache-misère », jouées dans un esprit live et authentique. Finesse et élans brut se côtoient , dès The lighthouse, et ne se quittent plus, aboutissant en guise de dernier titre à un To the moon étincelant, entre mélodies patinées, basse insistante et breaks fins à l’issue desquels le groupe impose une superbe embardé noisy. On fait ici feu de tout bois et pour reprendre l’entrée en matière, un leste et mais groovy, mélodieux Friends vient la consolider. La recette, claire et dotée en même temps d’un bel impact, rappelle aussi les excellents Microfilm, de Poitiers, et ravira jusqu’à la fin de l’opus, par sa grâce alliée à des plages plus instinctives, plus colériques.
C’est le cas entre autres de Unmeaningless movement, doté de ce bel habillage, et de ce My silhouette at the edge of the road, aux guitares loquaces et entêtantes, parfaits, le second affichant un côté « mécanique » qui le rend presque addictif, et se terminant sur des entrelacs vocaux réjouissants. Plus loin, on trouve, significative, une reprise d’Hapiness is a warm gun, d’abord initié bien sur par Lennon/Mc Cartney mais « covered » par les Breeders, après un Slow death cadencé puis plus changeant, aux explosions sonores soudaines. Tout est bon à prendre, même un court Mit notrub envoûtant, joliment orné, et Blanket form, du même tonneau mais fort, lui, de bourrades soniques à la Pavement ou Number One Cup.
En ajoutant à ce festival Necklace, qui ne fait pas exception à la règle en confrontant subtilité et chemins de traverse enragés mais ne se départissant aucunement d’une certaine élégance, il va sans dire que ce Focusing on the worst accouche…non pas du pire mais du meilleur, remettant au goût du jour avec maestria les 90’s et leur cohorte de groupes-phare.