Entre trip-hop donc, folk et pop-rock, Mermaid met en scène un groupe performant, que ce soit dans une acoustique tapageuse et chatoyante à la fois (Again et ses voix associées, excellent), que sur des climats bluesy trip-hop trippants (Silly loving lovesong for humble gentleman), raffinés mais de caractère, ou sur un sombre Jailheart. Une atmosphère jazzy sulfureuse, et des airs de grand large, se dégagent par instants de l’ensemble, stylé vocalement certes, mais qui s’appuie tout autant sur un étayage musical avenant et troublé. La formule prend et fonctionne même sur les plages à l’attaque acoustique crue, nue (Time of no time) ou à l’occasion de plages menaçantes, tout aussi obscures comme Bound to.
L’opus ne manque pas de caractère, place des écarts dérangés appréciables, soulignés par des percus insistantes (Rain in my chest, savoureux), et se permet même le recours au Français sur Où es-tu?, animé par des guitares torturées, acidulées, et un chant expressif. L’écart ne jure pas et le groupe poursuit ensuite sa marche en avant, entre Break of dawn, au violon bien inséré, et un Mermaid de fin lui aussi en clair (la voix)/obscur (le canevas musical) de choix, avant un « hidden track » trop bref pour marquer l’auditeur.
Avant cela, on se sera entiché d’un Better off dead griffu, entre force et sensibilité, ou d’un Out the door aux guitares bluesy, fines, couplées au chant de « Mermaid » de Joan. Et de façon générale, d’un bien bon recueil de chansons intenses et évocatrices.