Poliça est le projet de la « sirène cold » Channy Leanagh, qui pratique une sorte d’electro-cold à la fois froide, donc, et enjôleuse, parsemée de sons décisifs, parfois même de cuivres bien insérés (Dark star). Le début d’album est prometteur, entre Amongster, envoûtant, entre élans spatiaux et dream-pop éthérée, un I see my mother au dub déviant et Violent games menaçant dans sa trame, que l’organe de la demoiselle « adoucit », et tiendra ses promesses jusqu’à la fin des débats. Les climats sont prenants, les essais réussis et le résultat plutôt individuel, un peu plus rythmé sur un Dark star très légèrement plus conventionnel bien qu’éloigné des schémas traditionnels, et on s’ennuie rarement sur Give you the ghost, qui prend des accents funky sur les petits sons de fond de Fist teeth money, alerte et muni d’un décor obscur rock dans l’esprit.
De surcroît, la palette est étendue mais maitrisée, l’uniformité évitée et l’inventivité sonore de mise, comme chez Lykke Li par exemple, et des compos telle Wandering star, aux percus insistantes, ou Leading to death qui après une amorce douce se fait plus massif, viennent lui donner une tenue supplémentaire. Chaque titre possède une accroche forte, l’album son identité, affirmée, le chant aux effets sensoriels multiples étant bien sur beaucoup, conjugué à des canevas remarquables, dans les sensations qui en résultent. Et qui font du disque en question un opus à la beauté glacée subjuguante, oeuvre d’une artiste bourrée de talent et de plus bien entourée puisque Mike Noyce de Bon Iver est ici de la partie.