Le temps de l’album est maintenant venu et les deux demoiselles étendent le format et la qualité de l’ep sur huit titres variés, dont deux, si je ne m’abuse, étaient inclus sur le premier jet. On s’y régale, entre l’hymnesque et bien nommé Kraut ever qui déboule en premier et la fine vêture, sombre, de Sublime qui clôt les débats, en passant par de bien bons essais froids et griffus comme Swim swim et la cold souterraine de Mystery train. La dualité des voix distingue tout autant Mensch, qui fait le choix de n’opter ni pour ses penchants kraut, ni pour ses vélléités cold, mais de les confronter en un amalgame parfait. En résultent des morceaux cinglants, modérés par ces plages minoritaires mais décisives telle Goliath, au départ serein, qui caresse dans le sens du poil pour ensuite hausser singulièrement le rythme et s’imposer comme une réussite éclatante de plus.
Avec, ajoutés à cela, un Wild aux airs fugaces de PJ Harvey ère To bring you my love serti de basses charnues et de grattes fines ou plus nerveuses, un Island digne de Young Marble Giants façon Colossal youth et Evidence, représentatif de l’esprit cold de la paire, teinté de six-cordes arides et de bruitages synthétiques imparables, il va sans dire que l’opus, court mais magistral, couronne le départ fulgurant de Mensch, qu’on attend du coup de voir sur les planches où le contenu de ce disque éponyme s’exprime à coup sur dans toute sa plénitude et sa géniale froideur, rythmée, déviante et bien « décorée ».