C’est dire sa qualité, outre le fait de distinguer singulièrement une icône parisienne de longue date, entre rocks alertes et plages plus tranquilles, plus jazzy et dont l’élégance contrebalance joliment l’énergie du reste, de ce début d’album que dopent Dieu pardonne, court et offensif, et Le détecteur de mensonges, pop-rock bluesy du plus bel effet. Au milieu du parcours, tout ce beau monde s’offre un duo Marie-France/Chrissie Hynde, feutré et ironique, qui met fin avec grandeur à la première moitié de l’opus. Les percutants Trop de boucan et Le bon, la brute et le truand, à l’instrumentation racée et nerveuse en parfaite phase avec la voix de la Dame, s’étant avant cela eux aussi mis en avant.
Le second volet ne marquera aucun fléchissement, le rock jazzy narquois de C’est un ordre, stylé, l’inaugurant avec classe avant Yalio kibou, aux riffs secs, rock’n’roll dans l’esprit et dans le ton, animé par la voix de la figure des early 70’s et le canevas assuré par MMM/Duvall, décidément en verve dans tout ce qu’elle met en place. La tension peut ensuite retomber sur Petite câtin, c’est pour mieux servir, justement, le propos de la chanteuse et la plume des paroliers, et un climat avenant, fait d’un rock retenu, soyeux mais tendu. Ce côté tendu, lourd, caractérisant ensuite Sorcière, morceau bourru qui allonge le registre du groupe et accroit sa portée. Elle ou moi, psyché et rétro (c’est aussi ça, l’attrait des personnes impliquées: allier passé et modernité sans trancher et avec adresse), mettant fin à ce Kiss rude et doux à la fois, qu’aucun moment creux ne vient entacher.