Sarah_W Papsun
Premier constat, dans la file d’attente; le public est jeune, plutôt féminin et sympathique. On verra plus tard qu’il dispose d’autres vertus appréciables, animant les deux concerts, celui de Sarah W_Papsun inclus donc, avec une magnifique ferveur. Les auteurs d’un merveilleux Drugstore Montmartre, déchainés et spectaculaires, livrant un set de folie acclamé dès les premiers morceaux par une grande partie de ces demoiselles pour le coup exemplaires, dont les voix couvrent au « criomètre » celles de leurs congénères masculins. La « post-prog pop » du groupe le vaut amplement, jouée intensément et suivant une sacrée série de tubes entre Foals et…Sarah W_Papsun lui-même, qui creuse talentueusement le sillon d’un post-punk teinté de math-rock groovy et de pop destructurée avec soin, chantée de façon expressive et soumise aux règles d’une instrumentation aussi chatoyante (Série culte) que complètement débridée et, dès lors, entièrement jouissive et éruptive (Hey hey), ou positionnée entre les deux avec justesse (Kids of guerilla). Les trouvailles sonores et stylistiques du sextet accroissent son pouvoir de séduction et sa portée scénique, à l’instar de la conviction affichée par ces musiciens qui font un bien fou à la scène hexagonale. Un album est en préparation et on ne doute gère qu’il soit d’un niveau élevé, le set du soir incitant à courir revoir ces trublions dès que l’occasion s’en présentera. Superbe concert donc, dansant et puissant dans le même temps, largement plébiscité par une foule déjà aux anges et ayant l’extrême correction, d’une part, de reconnaitre les énormes qualités du groupe et, d’autre part, de le considérer sans retenue, loin de l’occulter au profit de la tête d’affiche.
Celle-ci se distinguant sans tarder, forte elle aussi d’un nombre considérable de standards electro-pop dopés au rock, peut-être moins explosifs que sa première partie mais d’une incontestable qualité, que Hey you, joué en toute fin de parcours et avant la version retravaillée, parfait pour conclure, d’un titre dont je n’ai plus le souvenir (Out of control, si je ne m’abuse , en proie à un souvenir « mangé » par ma vision du public et de son incroyable énergie), couronnera parfaitement. On remarque, encore, un public de feu, des centaines de mains fouettant l’air à l’unisson et de beaux pas de danse, les spectateurs assis se levant même pour saluer la prestation, sans écarts dans le rendu, communicative aussi et pas encore « trop pro », naturelle, du groupe. Il faut se rendre à l’évidence: les Walking on a line et autres Future of a nation, First date mullet et les compos du petit dernier font mouche, entre clins d’oeil clavierisés 80’s et allant pop-rock indéniable. Le tout renforcé par, bien entendu, le sens du tube que détiennent ces nantais . You need Pony Pony Run Run, disait leur premier album: pour le coup, on adhère à l’intitulé, à cet alliage vivifié par le live, entre passages cold funkysants (Just a song), valorisé par une electro qui stimule les gambettes, et nappes synthétiques sobres se confrontant en certaines occasions à des plages plus clairement et directement organiques, d’obédience rock. La scène est bien investie, le son clair et énorme et même si l’attitude du groupe est légèrement plus retenue que chez S W_P, on constate une cohérence affirmée, validée par un succès plus que notable auprès de l’assistance normande.
De quelque caste qu’on soit, difficile donc de ne pas consentir à ce bel ensemble, à cette salle au bonheur contagieux et à l’évènement du jour, avec mention spéciale aux trois intervenants, public compris bien évidemment.
Photos William Dumont.