Si on peut le comparer dans une moindre mesure à celui de Shaka Ponk, l’univers d’Ina Ich démontre une particularité naissante, encore embryonnaire, et une belle énergie: perfectible certes, le groupe investit la scène sans faillir, fort de deux albums et et de lives déjà nombreux. Entre « bourre-pifs » remontés et plages plus tranquilles (Au revoir, Le train), la dame et ses acolytes, au discours juste mais déjà usité par ailleurs, s’inscrivent finalement, en dépit de leurs efforts, dans une mouvance éprouvée et à l’avenir, il leur faudra accroitre leur singularité, pour l’heure encore trop assimilable à d’autres formations.
Néanmoins, sa fusion des genres dopée à l’electro, aux guitares rugissantes et au chant vindicatif (Crache) rencontre le succès auprès des personnes déjà présentes, et on ne doute guère que dans le créneau qui est le sien, Ina Ich continuera à oeuvrer et à fédérer, fort, soulignons-le, d’idées à exploiter en direction d’un public jeune et avide d’énergie contestataire et dénonciatrice.
Shaka Ponk
Le set fini, la salle allait se remplir plutôt copieusement, chauffée par la team Shaka, avant que les projections ne voient Goz, la mascote du groupe, se mettre à gigoter derrière le show de feu assuré par la paire « dynamisante » constituée de Frah et Samaha Sam, bouillante frontwoman et parfait équivalent et complément féminin du spectaculaire chanteur. « Shaka » sur scène, et le show de ce soir l’aura démontré avec un impact conséquent, c’est l’assurance d’une représentation de qualité, entre musique, image et activisme, parfaitement au point et hautement efficace, portée par des morceaux puissants mais groovy. Le tout basé sur un mélange des genres initié en leur temps par d’autres mais que Shaka Ponk, cohérent, a su faire sien au fil du temps. Indéniablement et bien que la recette ne varie guère (logique dès lors qu’une formule fonctionne), le set est de haute volée et on ne peut qu’adhérer à cette succession de brulots et à la prestance scénique du groupe, colorée, agitée et musicalement méritoire, n’en déplaise aux grincheux se prétendant avisés et réfractaires à toute forme de musique fédératrice et génératrice d’un « buzz » affirmé.
Sans temps morts et parfaitement valorisés par l’expressif Goz et une pléthore de titres aussi dansants (comment résister?) que considérables, entre rock pêchu, funk, rap et electro aux séquences bien senties, voilà une prestation à vivre quand bien même on n’est pas, au départ, entièrement fan de Shaka Ponk, de nature même à faire adhérer à la démarche et au « petit monde » du groupe, dont les nombreux titres-phare (Let’s bang repris en choeur par la foule sur ses « Yeah-yeah-yeah », French touch puta madre, l’imparable Hell’O) font mouche et, combinés à la conviction des intervenants, génèrent un concert probant. Le Zénith en tout cas ne s’y trompe pas et, dans un bel ensemble, se trémousse avec énergie au son de ces chansons hybrides dont la plupart sont d’ailleurs déjà textuellement connues par un certain nombre.
Efficiente et vigoureuse, pertinente dans ce qu’elle met en place, la « clique » Shaka s’est donc distinguée et quand bien même on peut lui opposer une forme d’opportunisme musical, le résultat plaide en sa faveur et la crédite de façon estimable. Et ce depuis, tout de même, déjà plus de dix ans.
Photos William Dumont.