Ladylike Lily
C’était l’une de ses dernières prestation seule et le passage à la formule groupe promet, au vu du répertoire offert, d’intensifier et d’élargir un propos séduisant, agrémenté de douces effluves sonores, bien senties, et de samples bienvenus, mais qu’il sera nécessaire d’amplifier à l’avenir sous peine de sombrer dans une redite qui ne servirait pas forcément les intérêts de la belle. Quoiqu’il en soit, l’univers est déjà défini et s’avère plaisant à entendre, se voulant très certainement une étape vers autre chose, et la timide assurance de Ladylike Lily ajoute au charme de son apparition en même temps qu’il suscite la curiosité quant à son devenir. Douée, sensible et armée d’évidentes aptitudes, Ladylike Lily vaut incontestablement le détour et l’écoute.
Après cette amorce délicate et prometteuse, la gifle scénique et stylistique allait venir d’un duo qui m’évoque Jessie Evans, découverte à l’occasion de ce même festival et flanquée de Toby Damnit, qui a oeuvré avec Iggy et aurait pu trouver ce soir un parfait équivalent sur le plan du jeu, irréprochable et gorgé de feeling. My Brightest Diamond donc, avec à sa tête Shara Worden, multi-instrumentiste de folie et d’un talent énorme, qui débarque masquée pour ensuite envoûter et enflammer la Lune, a littéralement enchanté le public en jouant un set haut en couleurs, subtil et puissant, aussi concluant et passionnant dans ses élans jazzy que sur des blues ou des rock toutes griffes sorties. Soudée, la paire assure au plus haut point et Shara magnifie tout ce qu’elle fait tout en imposant une douce folie créative, un sens de l’échange et une bonne humeur, doublée d’attitudes spectaculaires, qui feront de son concert un must absolu. De guitares tranchantes en atmosphères tendues, fines, directes ou tourmentées, portées par la frappe du « drummer » et la voix phénoménale, tout-terrain, de Shara, voilà un groupe délibérément à part, qui caresse en montrant les crocs ou agresse avec du coeur, nous administre deux reprises enlevées (Feeling good de Nina Simone et Tainted Love de Gloria Jones, popularisé ensuite par Soft Cell, renversantes) en fin de parcours et nous laisse béats et pantois, groggy sous l’effet du bonheur généré.
My Brightest Diamond
En outre, la dame agrémente le show de sons issus d’instruments inédits, de sa fabrication, dont elle fait usage avec classe et brio et qui étayent d’autant plus efficacement sa collection de chansons, intenses et porteuse de climats prenants, pétris de classe et souvent faussement tranquille, excitants dès lors qu’ils libèrent les décibels.
Une superbe prestation, grandement méritoire, à la hauteur du show livré par Jessie Evans, donc, en 2010 avec les excellentes Dance Yourself to Death.
Photos William Dumont.