The Magnetic North
Déjà très prenant, The Magnetic North ouvrait donc le bal pour jouer une pop raffinée, symphonique en certaines occasions, pas très éloignée d’un post-rock qu’elle a le mérite de ne pas figer dans des formats répétitifs. Doucereux, son univers basé sur la création de « paysages sonores » lui donne une belle identité et dote sa prestation d’un pouvoir certain d’évocation. La dualité des chants, entre masculin et féminin, ajoute au charme du moment et si l’ensemble « souffre » d’une énergie peu mise en avant, la douce tension qui accompagne certains passages et la splendeur des morceaux, taillés dans l’étoffe de trames sensitives, fait de cette ouverture un réel bon moment, parfois « cuivré » avec allégorie, qui préfigure de ce que va donner Other Lives.
Other Lives
L’intensité émotionnelle va alors monter d’un cran, de même que l’enthousiasme d’une salle que les Dark horse et autres plages significatives d’Other Lives vont vite transporter. Plus cadencé, plus tendu et tout aussi délicat que The Magnetic North, le groupe de Jesse Tabish démontre de grosses possibilités et impose des vignettes sonores faussement tranquilles, auxquelles leur tension donne du caractère et qui se verront accompagnées d’ouvertures folk enragées du plus bel effet. C’est beau mais pas mièvre, loin s’en faut, et musical à souhait mais aussi, et surtout, très expressif, parfois haut perché (Tamer animals, issu de l’album du même nom). Et de belles cordes (Woodwind ou Desert), jouées par Jenny Hsu, étayent l’ensemble avec brio.
Au final, l’affiche tient toutes ses promesses, faisant se succéder deux groupes complémentaires; l’un assez contemplatif, l’autre du même tonneau mais plus vivace, le trait commun aux deux étant leur capacité à élaborer des plages subtiles et captivantes et des mélodies étincelantes. En attendant, le lendemain, The Ex et ses sonorités nettement plus abrasives, preuve de l’imprenable panel offert par la programmation du 106.
Photos William Dumont.