Beyonders
Les premiers, qui peuvent s’appuyer sur un carnet de compos impeccable et se sont distingués en décembre dernier lors de la soirée Beatbox, à Beauvais, ont dans un premier temps confirmé sur leurs terres leur excellente tenue scénique, tant dans le son que dans les attitudes mises en place. Puissant, alerte et groovy, ce groupe emmené par la paire Taghavi/Agricola, et bénéficiant depuis peu de l’infaillible frappe de Jocelyn Soler, que secondent efficacement Lucas Gros et sa basse très en relief, vaut dans ce qu’il renvoie les pointures du genre, et ne peut laisser insensible un public un tant soit peu friand d’electro-rock bien ficelé, qui plus est « du coin ». Des motifs synthétiques au coup de boutoir sonores et rythmiques, tout s’imbrique parfaitement et les Beyonders passent sans trembler l’épreuve, face à un public tout sourire dont certains, j’avoue en être, manifestent sans nul doute le souhait de voir la troupe étayer sa production discographique (un album, messieurs!) et jouer plus régulièrement encore tant le spectacle offert mérite l’attention.
Shiko Shiko
Ceci étant fait, et bien fait, place à Shiko Shiko, fougueux et non-identifiable, au registre agité fait de brisures et d’associations aussi improbables que réussies, et captivantes, à l’arrivée. Mouvementé, musicalement surprenant, le show des nordistes a pour seul « inconvénient » de s’avérer éprouvant, non pas dans le contenu mais plutôt dans son côté exigeant, sur la longueur. Mais qu’importe, peu de groupes osent cela, ce mélange audacieux et abouti, et Shiko Shiko est dépositaire d’un univers qui lui revient, issu d’un brassage bien pensé et qui, sur les planches, emporte tout sur son passage et dévoile un groupe habité, fortement notoire. On se délecte de son impact, de l’investissement des musiciens et de la cohérence, jamais aisée à obtenir, d’un registre jonché de morceaux de taille. A classer dans le rayon des groupes « à aller chercher », Shiko Shiko aura donc, à l’instar de ses collègues picards, grandement justifié son statut et honoré, gratuitement qui plus est, la salle amienoise et sa programmation fournie et de choix.
Photos William Dumont.