A l’heure de la sortie d’un nouvel album, « Recreation« , de haute volée, questions à Papier Tigre, bientôt en concert à Amiens (Accueil Froid) et un peu partout en France, Belgique, Russie etc…
Photo d’avatar Jean-Marc Luneau
1. Tout d’abord et à l’approche de ce nouvel album, « Recreation », comment vous sentez-vous maintenant qu’il est « en boite »? Quels sentiments vous inspire le résultat final?
Nous nous sentons bien merci!
Plus sérieusement, nous avons fini l’album en Septembre 2010, le temps de chercher un label et nous voilà déjà en Février. Ce fut un album qui nous a pris du temps car nous avons beaucoup tourné pour le précédent. Il a fallu se poser, construire et déconstruire les morceaux pour arriver a un résultat qui nous satisfasse tous. Je pense que c’est notre disque le plus abouti en terme de sons et de composition. Cela dit j’aime beaucoup de morceaux des deux premiers.
2. Pensez-vous, avec le style qui est le votre, avoir défini les contours d’un genre personnel et plutôt singulier?
3. Que vous apportent, à leurs niveaux respectifs, les structures qui vous appuient, à savoir Murailles, Aficantape et 5ive Roses?
Murailles Music est la structure qui prend la suite du Collectif Effervescence, lequel nous a épaulés sur les deux premiers albums. Africantape est le label de Julien Fernandez, le batteur de Chevreuil et de Passe Montagne que l’on connait depuis longtemps. Ces deux labels nous ont fait une proposition, ils se sont associés pour sortir ce disque. Leur deux réseaux se combinent bien, ce sont aussi et surtout des structures amies qui travaillent plein de groupes qu’on apprécie (Papaye, Shipping News, Marvin, La Terre Tremble !!! etc).
Nous nous sommes donc retrouvé chez nous, cette proposition était aussi plus raisonnable économiquement. 5ive Roses est la structure promo qui accompagne la sortie Africantape, donc elle participe au même titre que Murailles Music à promouvoir notre musique.
4. Pour en revenir à Recreation, à quoi peut-on s’attendre s’agissant de son contenu? Comment a t-il été conçu?
Il a été conçu comme les albums précédents. Chaque chanson de Papier Tigre nait à partir d’improvisations pour tous les instruments y compris le chant et l’arrangement. A partir de cette base que l’on crée instinctivement, on réfléchit à la tournure qu’on veut faire prendre au morceau, puis j’écris les textes.
Pour cet album, on voulait prendre notre temps, essayer de ne pas tomber dans nos petites formules, étirer les registres plus calmes, plus violents, plus pop, plus déstructurés…
Je ne sais pas si ça se ressent, mais nous avions cette volonté là.
5. Pourquoi avoir choisi John Congleton à la production?
C’est un ami, Patrice, qui nous l’a suggéré. On le connaissait mais nous n’y avions pas pensé. Nous avions adoré le travail réalisé avec Iain Burgess sur « The Beginning and End of Now », son approche très naturelle du son (il est considéré comme le mentor d’Alibini, il avait enregistré Big Black, Jawbox…).
Mais sur ce disque, nous avions la volonté de faire quelque chose de plus moderne et de plus travailler au niveau des textures de sons. John Congleton avait l’avantage de venir de la même école mais d’avoir travaillé dans de nombreux styles, d’Explosions in The Sky à Bill Callahan en passant par The Roots, et de privilégier le son du groupe ainsi qu’une certaine patte personnelle qui nous plaisait. Il a beaucoup contribué au mix avec de nombreuses idées sur tous les instruments et nous a bien conseillés pendant l’enregistrement. Puisque nous n’avions pas vraiment le temps, ni l’argent pour qu’il produise l’album de fond en comble, il s’est greffé sur notre travail et cela a bien fonctionné.
6. Quel est l’apport de vos projets extérieurs, tant personnellement que dans le cadre de Papier Tigre?
Ce sont des projets qui nous apportent beaucoup, sinon on n’y participerait pas. J’ai un projet solo (The patriotic sunday) qui me permet de tenter des choses et de travailler autrement. Les projets extérieurs influencent forcement Papier Tigre, ils permettent aussi de s’extirper pour mieux repartir.
7. J’ai le souvenir d’une superbe prestation de votre part à la « Carto » de Reims, il y a quelques années déjà. Comment vivez-vous ces tournées et quel bilan en tirez-vous…avant de bientôt refouler les planches?
Nous n’arrêtons jamais de fouler les planches, le carrelage, le lino…
Les tournées sont importantes pour Papier Tigre car c’est une musique qui a été créée en live pour le live…
C’est aussi notre gagne pain. Les nombreux concerts un peu partout nous ont permis de devenir de meilleurs musiciens, notamment dans l’interprétation des morceaux et les voyages (USA, Chine, Japon, Brésil, Mexique, Europe) nous ont ouverts à l’extérieur, ce qui est très précieux.
8. Quelle vision avez-vous de votre ville, Nantes, et de sa scène? Que manquerait-il selon vous là-bas et, par extension, dans le domaine musical, en France?
Nous avons beaucoup d’amis musiciens et artistes ici. Je n’ai jamais trop compris ce qu’était la scène nantaise, et pourquoi on nous en parle tout le temps. Il y a des groupes proches de nous musicalement mais ça représente 10 personnes, ce n’est pas vraiment une scène. Il y a beaucoup de genres musicaux représentés à Nantes, nous sommes amis avec assez peu de personnes principalement les gens de Kythibong et Havalina Records ainsi que les sérigraphes Pan ! et le fanzine FTM ou les assos comme Force Béton, Yamoy, Les loubards pédés.
Il manque des lieux à Nantes même si ça commence a changer avec l’ouverture du Stakhanov. Il fut un temps ou le Fouloir et Bitche accueillaient d’excellents concerts régulièrement grâce aux assos cités plus haut, mais le Fouloir a été fermé par les autorités (je crois que c’était trop bien donc suspect) et je ne sais pas ce qui se passe à Bitche dernièrement.
Il manque également des lieux raisonnés en France, il y a trop de disparités entre la SMAC et le café-concert en termes de moyens, il manque aussi de dynamisme et d’envie parfois pour faire des choses bien et créatives dans certain lieux subventionnés, c’est vraiment dommage.
Mis a part ça, il y a un excellent réseau d’assos et de groupes en France, qui s’entre aident sans autre contrepartie que le plaisir de partager.
9. Quels atouts tirez-vous du fait d’oeuvrer en trio? Et quelles sont les éventuelles difficultés liées à ça?
Nous sommes très proches tous les trois, on se connaît depuis longtemps. Nous avons essayé de faire de la musique avec d’autres personnes et ça n’a pas fonctionné pour plein de raisons. Le fait d’être en trio et de bien se connaître limite les difficultés. Nous discutons énormément et tout le monde est sur un pied d’égalité.
Cela peut prendre du temps mais on fait tous les choix ensemble, de par ce fait on est tous investis de la même manière.
10. Pour finir, vos projets à plus ou moins long terme…mais aussi, allez allons-y puisque c’est la coutume, vos coups de coeur et coups de gueule de l’année écoulée?
Je vais rester sur la musique et te citer ces deux disques car ce sont des coups de coeur et des coups de gueule en même temps :
– Pneu / « Highway to Hell » et Death Grips /« Ex Military »