Ici, la simplicité prime, l’authenticité également et si Daria ne crée rien d’entièrement novateur, on peut dès les premières notes le reconnaitre et ses morceaux vibrants, agités, fiévreux, font vite la différence en sa faveur. Le propos est réduit à l’essentiel, se veut court et efficient et entraine dans son sillage sur l’intro de Deafening times. A la fois mélodieux et percutant, nuancé avec justesse, il en précède un second plus fonceur, fort lui aussi d’airs « rageusement mélodiques », intitulé Bridges. En deux plages, on se fait une idée de l’ensemble: direct mais pensé, bourré de riffs dynamites, parfois plus lent comme à l’occasion de Deceiver, qui en dépit de son nom ne déçoit pas et élargit le panel du groupe tout en restant dans sa lignée habituelle. Six-cordes bavardes, harmonies notables et rythmiques carrée se donnent la main pour former de petits hymnes teigneux, accessibles et sans excès dommageables, complémentaires, qu’on appréciera tant modérés mais exaltés (We are what we aren’t) que délibérément rapides (Parade).
La méthode a du bon, le rendu du coffre et de l’énergie, bien investie, à revendre, et la qualité ne baisse à aucun moment: elle demeure dans le rouge du point de vue de l’intensité sonore et émotionnelle, et enfantes des perles qui, mises bout à bout, renforcent l’identité du groupe et sa fiabilité. La joliesse pop hardie de Tristan da cunha, suivie de déboulés rythmiques incoercibles, illustre bien cela et après le trépidant puis plus leste The sinner, animé par cette même sensibilité poppy, Prove me wrong privilégie la vitesse pour consolider une fin d’album sans écarts, que The english cloud conclue avec force mais jamais de façon gratuite, en instaurant une trame compacte mais élaborée avec intelligence.
L’intelligence que Daria insuffle dans une passion vécue de façon entière et intègre, et qui lui permet d’excellents disques, sans déchets, et des scènes du même accabit.