Passé ces débuts enthousiasmants, on retombe cependant vite dans une pop-rock qui conserve sa vigueur, plus modérée, sur Waiting for something, pour ensuite prendre des atours plus lestes, moins tranchants, sur When I was young. On a ainsi en trois titres un aperçu fidèle de ce que fait le groupe, qui fait dans le « semi-énergique » à l’occasion de Jules and Jim, soutenu mais jamais réellement percutant, avant d’imposer un ton plus vif (The moon is calling) sans innover le moins du monde.
C’est d’ailleurs là que le bât blesse, dans ces trames inchangées depuis les débuts de Nada Surf, maintenant prévisibles mais qui, en contrepartie, en valident la dextérité dans l’élaboration de morceaux pop-rock dignes d’intérêt. On sent le groupe capable d’autre chose, mais on ne le sent pas soucieux, pour l’heure, d’insuffler à son répertoire la touche d’originalité décisive, de prendre les risques nécessaires à ce qu’il se renouvelle de façon notable, en restant bien sur dans la continuité de qu’il a pour habitude de faire.
Dommage car l’opus est plaisant, presque rock’n’roll même sur Teenage dreams, fonceur sur Looking through (belle doublette vigoureuse) et les mélopées pop inhérentes à chaque sortie soignées, de choix. Même si on retombe l’instant d’après dans une pop subtile, pas déplaisante certes mais lassante quand trop réitérée (Let the fight do the fighting). Elle y échappe ici par le truchement de cuivres bien intégrés, d’autant qu’elle se voit suivie par le rock alerte de No snow on the mountain, et que le groupe termine par The future, lui aussi remuant mais qui marque, à l’instar de nombre d’autres compositions, une retenue préjudiciable. On ne lâche pas complètement la bride, on reste dans un format « acceptable » et ce côté modéré, prudent, suscite des regrets quand on connait les capacités du trio.
Alors certes, bon album, mais on sait Nada Surf capable de mieux encore, ce qui passe par l’audace et/ou une puissance moins contrôlée.