Ainsi, Le déserteur exhale des ambiances changeantes, souvent prenantes, tendues (l’excellent Tango de guerre qui clôt l’album), et une belle musicalité valorise l’ensemble. La panel des instruments utilisés est large et on part ici d’une délicatesse acoustique de début chatoyante mais prudente (Les couleurs de la vie), qui toutefois se fait plus noire, plus menaçante, sur sa seconde moitié, pour enchainer avec la pop-rock vive de Souvenirs qui évoque Karkwa sur son album Les chemins de verre, aussi varié dans ses humeurs, et bien construit, que Le déserteur.
Grimoon mêle même les deux tendances sur un seul et même morceau avec le même bonheur (Monument aux déserteurs), use de textes à la plume inspirée, écrits par la chanteuse Solenn Le Marchand, qui recourt à l’Anglais sur un seul morceau, Draw on my eyes, pour créer un climat en clair-obscur de bon aloi.
Ensuite, un explosif, entre clarté acoustique et élans belliqueux, La montagne noire, vient étoffer l’opus et en compléter la palette, avant qu’un rythmé Directions, orgue et flutes aidant, n’en accroisse le côté vivace, aidé en cela par des guitares aiguisées.
Originale, personnelle, la musique du groupe le met en valeur et permet un résultat sans faux-pas notables, peut-être trop feutré parfois mais en tout cas continuellement intéressant et dont se dégage parfois des effluves psyché discrètes et appréciées (Les démons du passé). Avec à l’arrivée la découverte d’un nouveau groupe de valeur issu de la Grande Botte, ayant à sa tête une dame provenant, elle, de contrées plus locales.