Pour le coup, les compiegnois de Frog, qui biberonnèrent au NoFX mais en émaillant cette influence, maintenant digérée, de belles parties mélodiques et d’une voix moins délirante, ce qui rend l’ensemble cohérent au possible, ont inauguré les débats avec talent et conviction.
En outre, tous les morceaux sont bons et certains évoquent Seven Hate (No use), et nous voilà donc en présence de la première belle découverte, Frog étant inconnu à pas mal de monde dans le giron amienois, qui avec des morceaux de la trempe de Clean up et sa basse virevoltante, ou Ad astra et ses breaks sentis risque fort de faire parler d’elle en termes élogieux. Ca sonne, ça cogne mais avec justesse, Frog déblayant le terrain avec efficience pour les trois combos suivants.
Mayo
Le suivant est Mayo, trop à la fusion saccadée, inventive et basée sur une basse technique et groovy, entre autres éléments, que secondent une voix délirante, des guitares souvent tranchantes et la frappe tout terrain de Yo, le tout agrémenté de parties plus mélodiques qui sous-tendent le contenu.
Live, les morceaux du trio, s’il demandent au départ un effort d’assimilation, convainquent et s’il n’est pas « punk » de manière directe, stylistiquement parlant, Mayo se démarque à ce niveau de tous les autres groupes et maitrise entièrement un genre habilement remis au goût du jour. De plus, il étaye avec brio et la soirée, et la panel des genres parcourus à cette occasion.
No Name For All
Bon enchainement donc, avant le petit faux-pas que No name for all marquera avec son punk-rock juvénile, trop gratuitement frontal et assorti de paroles simplistes, mais aussi d’une attitude un tantinet contestable, dans le verbal comme dans l’accoutrement. Les possibilités sont là, mais le registre et la tenue sont de toute évidence largement perfectibles, à repenser et à personnaliser en omettant, peut-être, le côté par trop « à l’arrache et dans l’délire » qui caractérise le quartet.Ca « envoie » certes, mais sans surprises ni réelle imagination. No name for all, jeune, disposant cependant d’une marge de progression certaine.
Ravachols 2.0
On en vient alors au terme de ce quartet de concerts de bonne facture, et là, Ravachols 2.0 va en surprendre plus d’un avec son electro à la fois cosmique et intense, jouée en trio claviers/batterie/guitare et saupoudrée de voix samplées non conventionnelles qui en valorisent le côté singulier et décalé et en parfont l’excellence. Comme pour Mayo, le genre n’est pas prévisible, se veut créatif et génère un résultat étonnant de qualité. Plusieurs genres sont parcourus et mêlés avec succès, et on oscille entre planerie et coups de semonces, selon des rythmes versatiles, avec pour effet un trip mental et physique marquant. Et une conclusion probante, donc, à cette première soirée Gimme Some Punk organisée par une Briqueterie précieuse pour les amienois, et les autres bien entendu, amateurs de sons dérangeants, et parée d’un nouvel éclairage de scène lui aussi « au poil ».
Photos William Dumont.