Kim
Devant un parterre attendant avant tout Yuksek, l’Aquitain s’en est sorti avec les honneurs, en dépit d’un côté pitre amusant mais parfois excessif, en s’appuyant sur un nombre impressionnant d’albums et un répertoire éclaté, à base pop. Il faut dire que Kim sait y faire et scéniquement, la solidité de ses morceaux demeure, sur un set court mais étayé avec efficacité par le contenu de Radio Lee Doo, son dernier album en date. En formule groupe, l’impact serait peut-être plus significatif encore, mais qu’importe: on se laisse porter par ses chansons qui évoquent un groupe rouennais, Tahiti 80, par leur évidence mélodique, leur imprenable qualité et la diversité revendiquée. Un set à retenir donc, à consolider peut-être et à rendre plus consistant niveau temps, même sur une première partie: le niveau élevé de la discographie du bonhomme le permet sans aucun doute.
Après une attente réduite -c’est l’un des nombreux atouts du 106-, arrive un Yuksek vite réclamé puis acclamé, qui va livrer un set lui aussi probant, quoiqu’un peu trop synthétique, ce qui n’engage bien évidemment que ma personne.
Il n’empêche, l’artiste, pluriel (remixes, collaborations et travaux plus personnels; il s’essaye à toutes choses avec le même talent), dispose d’un recueil sans écarts, qui prend une belle ampleur scénique et s’appuie sur ses deux opus dont le fameux Away from the sea inaugural. Difficile de résister à White keys, extrait lui de Livin’ on the edge of time, ou Off the wall, et à la voix mélodique du pote des non-moins excellents Bewitched Hands et si on peut être dérangé par le penchant « stade » de certains essais, les plages tubesques du bonhomme, alliées à certaines plus expérimentales et à, par exemple, un Tonight imparable porteur de riffs détournés, plaide largement en sa faveur.
Yuksek
En outre, la basse de son acolyte renforce la « dansabilité » des titres, tandis que sa percussioniste en accroît le côté rythmique en jouant debout façon Bobbie Gillespie avec les Mary Chain première période, mais avec bien plus d’entrain. On « Take a ride » avec Yuksek et disons-le, l’effet est conséquent, le savoir-faire de taille et le public normand, venu en nombre, ne regrette surement pas son investissement: en atteste la danse continuelle de la plupart, signe d’un bonheur que Pierre-Alexandre Busson distille avec simplicité dans l’attitude et bien plus de complexité créative dans la démarche initiale. Un « Little dirty » trip, comme dit dans son album inaugural, largement appréciable.
En conclusion donc, une soirée concluante de plus dans l’enceinte des quais rive gauche, avant les Nashville Pussy et une pléthore d’autres concerts immanquables.
Photos William Dumont.