Ses longues pièces faussement polies, matinées d’élans déviants, entre éloquence du propos (Dust, flesh & bones) et ambiance crépusculaire à l’acoustique désabusée mais chaleureuse (les dix minutes passées de Oh how we fell), assez vive pour n’ennuyer que très peu, forment un tout qui finit par s’imposer et marquer du sceau de ses climats l’auditeur un tant soit peu persévérant.
Sur des durées moins étirées, comme Please, please, please, l’ambiance se fait ombrageuse, dotée d’une retenue appréciable bien qu’on se prenne à imaginer avec curiosité ce qu’elle aurait pu donner entièrement débridée, et la folk presque lo-fi de How to kill a rose, entre souillures et pureté, n’affiche comme « défaut » que le manque de chant. Mixé par Yann Tiersen, The broken man en porte partiellement l’audace expérimentale, et on regrette que la paire n’ait pas poussé la démarche plus avant.
Matt Elliott s’en tient à des essais certes non conventionnels, mais peut-être trop retenus…ce qui n’empêche guère If Anyone Tells Me ‘It’s Better To Have Loved And Lost Than To Never Have Loved At All’, I Will Stab Them In The Face, titre aussi long que son intitulé, de se montrer remarquable quoiqu’un brin démonstratif. Mais sur la fin, un court et sincère, dépouillé This is for, puis le psychédélisme vocalement superbe, obscur aussi, de The pain that’s yet to come, dont on espère qu’il préfigure, à l’instar de ses plages longues, le futur de l’artiste concerné, font pencher la balance du bon côté et avivent la curiosité quant à la nature des travaux à venir. Tout en suscitant, chez les quasi-néophytes dont je suis, l’envie de se pencher au minimum sur les trois éléments discographiques de sa trilogie Songs.