Sur ce nouvel album, ce côté haché et indéniablement groovy, à la limite du math et de la noise et finalement parfaitement positionné entre les deux (Home truth ou The later reply) domine et fait tout le charme et l’impact du groupe, qui signe dix morceaux grinçants, virevoltants, aux guitares rudes, rêches et sans arrangements outranciers. La spontanéité et l’esprit live de Papier Tigre, ses soudaines embardées colériques et ses nombreuses trouvailles sonores renforcent son identité et la cohésion, l’attraction due à ses créations. Et si on regrette le peu de morceaux au rythme ouvertement direct, force est de reconnaitre que la recette fonctionne et accouche d’un sans faute.
On pense à Sloy pour ces trames sinueuses émaillées de soubresauts tranchants, pour cette voix non conventionnelle, et on s’éprend vite de cette nouvelle « collection » fringante et insoumise, oeuvre d’une formation défricheuse et décalée. Sous tension, dans la retenue, mais une retenue explosive, sur laquelle les musiciens gardent une mainmise totale, Recreation confirme la fiabilité et le progrès dans la continuité d’une énième grosse référence de chez Africantape et Murailles Music, à voir également, bien entendu, sur les planches où sa force de frappe s’avère particulièrement parlante.