Après la sortie de l’impeccable Psychodrama, interview d’un groupe en plein essor, novateur et sur lequel il va falloir de toute évidence compter…
Olivier : Satisfaits, oui ! Vincent (Robert, l’ingénieur du son d’Herzfeld) a fait des miracles pour rendre l’ensemble limpide, sans impression de surcharge alors qu’il y a énormément de pistes de voix, de claviers et de guitares sur chaque chanson. On a souvent changé de direction au cours de l’enregistrement et du mixage, tout s’est finalement débloqué tardivement, après un travail en solitaire de Vincent, lorsqu’on a décidé de s’adapter aux compositions, d’essayer de leur rendre justice plutôt que d’imposer arbitrairement une idée. Le sentiment général d’être dans un tout nouveau groupe, avec les arrivées récentes d’Elsa et de Josh qui avaient apporté une fraîcheur et une spontanéité, fait qu’on était tout d’abord partis sur une envie de mur du son, dans un esprit plus rock et shoegaze, avant de faire marche arrière une fois les premières sessions de studio entendues. On ne se reconnaissait pas dans cet aspect plus live et physique du groupe. Je crois qu’on a toujours été comme ça, que faire un disque signifie pour nous mettre en avant la face pop du groupe. On a alors fait des tests sur la batterie pour qu’elle ait un rendu proche d’une boîte à rythme, d’une machine, sans qu’on perde sa vie, son impulsion. Comme nos sessions d’enregistrement puis de mixage étaient espacées, on a eu l’occasion en un an et demi de voir nos envies et nos goûts évoluer, jusqu’à en faire abstraction, se mettre dans la bulle du disque pour comprendre et définir sa personnalité. On a beaucoup appris pendant ces phases où on se cherchait, c’est un vrai luxe de le faire en studio, mais il a été salvateur, stressant et excitant à la fois de poser une dead line !2. Ce nouvel opus marque t-il, selon vous, une évolution singulière, depuis votre premier jet intitulé The Inside Laws ?
Gregory : Oui, parce qu’on a eu sans cesse l’obsession de la cohérence, mais comme quelque chose de positif, alors que pour le premier album ce souci de cohérence ne nous est apparu que pendant l’enregistrement, ce qui a eu pour effet d’être davantage perçu comme un carcan. Pour ce disque ce n’était pas la cas. C’était surtout très excitant d’entamer cet enregistrement car on a bénéficié de conditions d’enregistrement optimales, sans avoir à financer le projet puisqu’il l’a été été par le label. Puis, les dates qu’on avait faites juste avant nous avaient véritablement soudés. On était très enthousiastes, électrisés. Il a donc aussi fallu dompter cette énergie qu’on apportait avec nous en studio parce que, finalement, notre envie profonde n’était pas de faire un disque « physique », de restituer un son « live », pour reprendre les termes d’Olivier, mais d’élaborer des textures subtiles en empilant les instruments. Sans pour autant désincarner l’ensemble.
Olivier : Au début de l’enregistrement de Psychodrama, on pensait vraiment faire quelque chose de différent de The Inside Laws où on n’avait pas du tout freiné nos envies d’un son un peu cold. C’était un désir fort de faire un premier album sans « single », un album pas évident mais long en bouche, en réaction au règne de la musique jetable sans doute (qui ne me dérange plus autant aujourd’hui !). En fait on comptait enregistrer un EP pour « Peanut » et d’autres morceaux plus directs après le disque mais ça ne s’est jamais fait, on avait beaucoup de nouveaux matériaux et on s’est précipités sur un nouveau long format, non sans travailler d’arrache pied. On a alors mis du temps à admettre que la plupart des nouvelles compositions s’inscrivaient par bien des aspects dans la continuité des précédentes. Ça fait un chouette diptyque au final, le premier dilaté mais fougueux, le second plus compact mais plus diversifié aussi. J’y vois maintenant une évolution mais sans rupture. La révolution, c’est peut-être pour le prochain, à condition d’arriver à faire un vrai disque dépouillé cette fois-ci. Il faut beaucoup de confiance en soi pour y arriver.3. Quel en est l’accueil, pour le moment, au niveau des médias ?
Olivier : C’est toujours touchant lorsque quelqu’un partage le plaisir de l’écoute du disque, surtout aujourd’hui où on peut vite se retrouver noyé dans la masse des sorties en tant qu’auditeur ou que musicien. L’accueil est bon, plutôt rassurant pour nous car la sortie d’un deuxième album n’est pas évidente : ceux qui écrivent sur une première réalisation n’en parlent que si elle leur plaît. Le suivant s’expose davantage aux critiques en raison d’une possible déception, et ce n’est pas le cas pour le moment, ouf. On pourrait parfois regretter que les articles se focalisent sur le côté sombre d’un disque qui est pourtant avant tout très mélodique et bien moins passéiste que bon nombre de sorties folk ou garage du moment. Mais c’est une bonne chose de ne pas contrôler toute l’image du groupe, ce n’est pas un produit marketing, mais bien une construction collective faite des visions du public, de la presse, du label, du groupe. Les médias réservent aussi des surprises comme lorsque nous avons découvert dans L’Express style (qu’on n’achète pas habituellement !) que Psychodrama était « le coup de coeur musical » de Rodarte, les créatrices des costumes du film Black Swan, dont Keira Kneightley, Kim Gordon ou Michelle Obama portent les robes ! C’est amusant, non ?
Grégory: On a aussi eu droit à une chronique élogieuse sur un blog russe cet été. Notre album précédent avait lui aussi été chroniqué sur des blogs de pays comme le Brésil, la Grèce ou la Turquie. On ne connaît pas les mécanismes exacts qui amènent des gens d’aussi loin à nous chroniquer sans qu’on les y pousse, mais ça nous fait extrêmement plaisir. D’autant plus lorsqu’on reçoit dans la foulée des messages de gens de ces pays qui nous ont découverts par le biais ces chroniques et qui nous encouragent à continuer. La cerise sur le gâteau serait qu’ils commandent nos disques !4. Je vois dans ce disque plusieurs influences ; la cold-wave et la new-wave, avec de superbes références à The Cure, de discrètes et judicieuses touches shoegaze, et même les ambiances glacées et magnifiques d’un Cocteau Twins. Vous considérez-vous comme détachés de ces sources d’inspiration ? Je vois pour ma part, dans Psychodrama, un amalgame abouti de tout cela…
Grégory : Aujourd’hui nous en sommes davantage détachés qu’au début de la conception de l’album. Ça a d’ailleurs été l’un des apprentissages liés à cet enregistrement, celui d’arriver à se voir aussi de l’extérieur, surtout au moment du mixage, de réfléchir à ce qui nous plaisait et à ce qui nous plaisait moins dans ces influences. On est heureux que tu juges cet amalgame réussi, car un de nos objectifs était de réussir à synthétiser ces différentes influences sans faire allégeance à l’un ou l’autre de ces styles ou de ces groupes en particuliers. Le tout était donc de rendre ce disque cohérent; la potentielle hétérogénéité du disque était notre principale inquiétude. Mais Vincent nous a toujours rassurés de ce côté-là ; après, il est vrai que de l’intérieur on considère souvent comme de la diversité ce qui peut être perçu comme de l’homogénéité par un regard extérieur.
Olivier : En tout cas, j’ai l’impression qu’on a fait un peu le tour de ces courants musicaux. Je suis profondément attaché à des disques comme Closer, Faith, Meat is Murder, Victorialand, Music for the Masses, Nowhere ou Loveless mais ils ne font plus parti de mon quotidien. L’image n’est pas très originale mais j’aime croire que leurs atomes vivent dans notre musique. Ces temps-ci on s’intéresse davantage à leur ascendance ou à leur descendance ; Wild Nothing, Brian Eno, Thieves like Us, Broadcast, Neu!, The Radio Dept., la pop 60’s ou Twin Shadow nous parlent bien plus.5. Que vous apporte le label Herzfeld, hautement recommandable pour ses productions singulières et d’une grande valeur ?
Olivier : Déjà, c’était une très grande joie d’apprendre qu’on figurera au même catalogue que certains de nos disques préférés. Et puis Renaud Sachet, c’est notre Alan McGee, notre Tony Wilson à nous. A côté de ça, plus que des « bénéfices » terre à terre (aura du label, distribution nationale, contacts, etc.) et un confort d’enregistrement rare, je pense que le label nous a surtout permis de faire de la musique de manière plus sereine et aboutie. On a beaucoup appris en tant que musiciens et arrangeurs aux côtés de Vincent lors des sessions mais il n’y a pas que ça. En partageant l’affiche avec d’autres groupes Herzfeld ou lors de projets communs, on a pu profiter de la saine ambiance générale : l’esprit de compétition n’existe pas, les remarques sont très souvent constructives et pertinentes, toujours amicales et bienveillantes. Rien d’étonnant à ce que les nouveaux morceaux pour le troisième album soient moins angoissés et plus chaleureux ! C’est finalement une drôle d’habitude au sein du label : tôt ou tard, chaque groupe se trouve influencé par d’autres déjà présents. Si on ajoute à ça la présence particulière de chacune des productions de Vincent, la forte identité visuelle, se crée une sorte de spirale ; malgré les différences de styles, les disques se répondent.
Grégory : On a bien conscience que l’image de marque dont jouit Herzfeld rejaillit sur l’image du groupe. En parlant d’image, on peut aussi dire qu’Herzfeld a su s’attacher les services du photographe Christophe Urbain à qui on doit la plupart des pochettes des albums Herzfeld, dont la nôtre. Toute cette concentration de talents qu’a su générer le label nous est grandement profitable. 6. Y’a-t-il d’ores et déjà, dans la structure, des formations avec lesquelles vous aimeriez tourner ou faire « travail commun » ?
Grégory : Oui, surtout nous avons déjà pu nous livrer à ces deux activités. Nous avons effectivement tourné avec Roméo et Sarah – à deux reprises – mais aussi avec Original Folks et Lauter. Ces tournées nous ont notamment permis de nous produire en live avec le Herzfeld Orchestra (dont le premier album est sorti il y a un an), le « super-groupe » qui rassemble la plupart des membres des groupes présents sur label. On réfléchit actuellement – et collectivement – au deuxième album du Herzfeld Orchestra qui devrait sortir en 2012.
Olivier : On peut aussi entendre Eric et Vincent d’Electric Electric jouer des percussions sur la moitié des titres de Psychodrama. On aimerait bien renouveler l’expérience sur le prochain disque, avec de nouveaux invités aussi, on en parle souvent avec les uns et les autres. « Jouer ensemble » est une vieille tradition au sein du label et c’est très agréable. Très bientôt, si le calendrier le permet, Roméo devrait nous prêter main forte pour enregistrer une nouvelle chanson bien différente de ce qu’on fait d’habitude. On espère que ça se fera, il est drôle et fortiche.6. Le groupe est-il pour vous l’éventuel tremplin vers une carrière qui vous permettrait de vivre de votre art ?
Olivier : Pas sûr que ça en soit, alors si on arrivait à en vivre, il faudrait à coup sûr appeler ça autrement. On pourrait imaginer aussi un plan de carrière facile, faire les rigolos sur scène ou se faire une réputation de bad boys et de bad girl. Pas top pour qui essaie d’écrire des chansons. Pour notre cas, je crois plutôt au syndrome « Born To Be Alive » ou « A Girl Like You » ; avoir un hit c’est vraiment cool, si en plus c’est un bon morceau, on peut l’assumer et continuer d’enregistrer des disques toute notre vie. Si déjà on continue à faire des albums décents qui touchent des gens et à faire quelques concerts mémorables par an, je crois qu’on ne va pas se plaindre.
Grégory: Il est certain en tout cas qu’on ne ferait pas n’importe quoi pour vivre de la musique. On évite par exemple de faire des cachets à tout prix, de multiplier les concerts dans des lieux inappropriés et devant des gens dont les goûts sont trop éloignés des nôtres. On a eu dans ce domaine quelques mauvaises expériences qui, si elles avaient été multipliées, nous auraient ruiné moralement et nous auraient retiré toute motivation. 7. Quel regard portez-vous sur la scène de votre région ? J’ai cru y déceler de très bons groupes, comme Crocodiles (restons chez Herzfeld), The Electric Suicide Club, Chapel Hill, Death to Pigs à Nancy, ou encore un super « band » dont le nom m’échappe, fort d’un album au digipack gris sorti il y a déjà 2 ou 3 ans…
Olivier : C’est vrai qu’aujourd’hui la musique des groupes alsaciens est très excitante. Ça fait bientôt cinq ans qu’on a donné notre premier concert à Strasbourg alors qu’on sortait de nulle part. On a eu l’occasion d’observer tout ça avec distance, de voir les groupes évoluer et de faire connaissance avec les différents microcosmes, KIM, Növalis ou Factotum par exemple, plein de chouettes rencontres. Ça fait du bien de voir que la plupart des musiciens ne perdent pas la flamme et ne se compromettent pas. On est vraiment impatients de recevoir les toutes prochaines sorties Herzfeld, pour ne parler que d’elles (impossible de citer tous ceux qu’on aime !), les excellents single de Luneville et album d’Einkaufen, et de découvrir les prochains Electric Electric et Original Folks. Pour prendre ces derniers exemples, le premier Folks avait eu un très bel impact médiatique en France, les tournées d’Electric et les réactions de leur public en font rêver beaucoup dans la région. Il serait temps maintenant qu’un groupe rencontre un vrai succès populaire. Malheureusement, les Alsaciens dont on entend les chansons dans les émissions de variétés ne présentent aucun intérêt.
Grégory : Je te trouve dur avec Rodolphe Burger…
Olivier : Ah ! je pensais à d’autres ! Plus festifs, moins sportifs.8. Pour en revenir à Herzfeld, que tirez-vous, Greg et Olivier, de votre expérience avec le Herzfeld Orchestra ? L’album sort d’ailleurs ce 23 juin, si je ne m’abuse…
(l’album est sorti le 23 juin 2010 !)
Olivier : Sans doute la meilleure expérience de studio. Pas le stress de travailler pour son propre groupe, juste faire de son mieux pour le projet commun, rendre justice à la chanson en cours et à son compositeur, et profiter du moment avec des amis. Du coup, on découvre aussi les petits trucs de chacun, c’est très instructif. A peine arrivé sur Herzfeld, Greg et moi avons rejoint le projet en cours, lors du choix des morceaux à enregistrer. On était tellement excités quand on a découvert les démos si prometteuses. Les autres musiciens nous ont vite mis à l’aise. Depuis le disque du Herzfeld Orchestra a eu d’excellents retours presse, il a été élu notamment 2e meilleur disque de 2010 par la revue Magic, a figuré dans une dizaine de bilans annuels de webzines, a eu une belle chronique dans Les Inrocks… c’est très motivant quand un projet couvre un an plein et se concrétise par un succès, au moins médiatique. C’est un peu dommage qu’on ne puisse donner davantage de concerts (qui se comptent sur les doigts d’une main en 2010/11) mais à 15/20 personnes sur scène, c’est compliqué. On va tenter d’y remédier en 2012.
Grégory : Oui, surtout que l’accueil du public lors de notre concert à Brest l’hiver dernier (un des rares cet année) nous a prouvé que cet album avait trouvé un certain écho, même à l’autre bout de la France en l’occurrence. Le concert était tout fou, le public à fond ; je garde un excellent souvenir de cette soirée. On a surtout hâte de retrouver une telle jubilation. Peut-être que le fait que ce ne soit pas le groupe dans lequel nous nous investissons le plus – toute l’année et depuis des années comme c’est le cas pour ASOJ – doit nous libérer. On n’essaie pas forcément d’être carrés ou parfaits, on essaie juste de s’amuser. C’est certainement cette spontanéité qui doit plaire. 9. A Second of June…d’où vient ce nom ?
Olivier : Un cheval de course, des terroristes, le Marquis de Sade, de la musique anglo-saxonne, Faulkner, le printemps, un peu tout ça à la fois. Comme on se doutait qu’on allait pas rester un duo, on avait choisi de ne pas s’appeler Grégory et Olivier, bien que ce soit plus facile à retenir et que le procédé ait fait ses preuves. Assez de connotations 80’s comme ça.
Grégory : Il fallait surtout un nom de groupe assez compliqué pour qu’il ne nous soit pas volé par un gros groupe américain (comme ça a été le cas pour les Crocodiles strasbourgeois) mais composé de mots assez simples pour être retenus (au moins dans le désordre).
Olivier : Pas autant que pour Bang Bang Cock Cock ! C’est le nom de leur nouveau nouveau projet, top top prometteur.10. Comment vous-y prenez-vous pour écrire et composer ? Elsa, trouves-tu facilement ta place dans ce trio masculin ? Et toi, Josh, en tant qu’arrivant plus « récent« ?
Grégory : En général, on part de chansons déjà écrites (mélodies, structures, textes). Ensuite on maquette, on remaquette, on essaie des choses en répète avec le groupe au complet. On peaufine le son ; parfois on revoit la structure des morceaux. Puis on refait des maquettes avant d’entrer en studio et, une fois que l’album est fini, on repense complètement certains titres pour le live, en fonction de l’évolution du line-up du groupe et de l’évolution de nos goûts. Les morceaux changent donc constamment. Et nous aussi.
Olivier : Ça paraît compliqué mais c’est vraiment comme ça, quelqu’un a une chanson toute finie ou presque avec une super idée de départ (Grégory, 4 fois sur 5) puis chacun y va de son grain de sel et on refait tout jusqu’à ce que ça colle avec la conception éphémère du projet pharaonique du moment : le prochain disque. Et on adore ça.
Elsa: Cela fait dix ans cette année que je connais Greg et que l’on a commencé à faire de la musique ensemble et je connais Olivier depuis six ans déjà, du coup, ils m’avaient déjà préparé une belle place quand je les ai rejoints en 2008! Grégory et Olivier composent en général la plupart des arrangements mais je suis tout à fait libre de proposer d’autres choses si je le souhaite. J’aime ce rôle un peu discret qui, finalement, me donne l’impression de pouvoir exprimer mes émotions plus facilement lors des concerts.
11. Quels sont vos projets à venir pour A Second of June ?
Olivier : En vrac : préparer la sortie vinyle de Psychodrama à venir cet automne, coproduit par Specific, un nouveau label messin, ainsi que les release parties dans les deux villes en novembre ; avant ça, on ira présenter notre disque à Paris lors d’un showcase chez Colette lors de leur Music box d’octobre ; tourner le clip de « Gallery » avec l’adorable Olivier Ramberti qui avait déjà réalisé la vidéo pour « Sleep Widow » ; enregistrer un morceau inédit pour le nouveau projet du photographe Jérôme Sevrette, un livre/disque intitulé Terres neuves avec entre autres Aswefall, And Also The Trees, Ulan Bator, Malka Spiegel, Richard Pinhas ; composer un ou deux titres pour le prochain disque du Herzfeld Orchestra prévu pour 2012 en essayant de faire mieux encore si c’est possible. Au milieu de tout ça, on travaille sur une bonne quinzaine de chansons en vue de notre troisième album. On en joue déjà certaines en concert, d’autres sont encore en train d’être maquettées, mais les nouvelles directions apparaissent déjà clairement. A Second of June est maintenant un trio, on va enfin se jeter à l’eau et enregistrer une musique plus proche des démos de toujours, quelque chose de plus électronique, de plus fragile et de plus pop aussi. Pour la première fois on va intégrer des compositions d’Elsa. Il nous reste donc à déterminer comment on va se produire sur scène d’ici au prochain enregistrement. Ce sera sans doute surprenant pour tout le monde, nous y compris.
Grégory : La préparation d’un nouveau set live est effectivement notre préoccupation centrale. Ce travail – en apparence parallèle à l’écriture des nouveaux morceaux – est nourri de ces compositions nouvelles, des nouvelles idées qu’on y a mis afin de créer des ambiances plus légères et plus fraîches que celles qui nous ont caractérisés jusqu’ici. On va essayer d’exprimer des émotions plus nuancées, parce qu’on pense avoir épuisé ce qu’on peut faire avec sincérité en terme de radicalité émotionnelle. Persévérer dans cette voie serait une forme de mensonge. Et mentir c’est pas bien.
12. La coloration musicale plurielle du groupe pourrait vous permettre de jouer avec des « collègues » eux aussi variés dans les genres ; est-ce selon vous un atout ?
Olivier : Je ne pense pas que le style soit primordial, les gens sont plutôt ouverts aujourd’hui. On le sent bien dans les festivals qui sont de plus en plus hétérogènes. Même lorsqu’ils ont une direction rock/pop indé plus prononcée comme le festival Novosonic à Dijon où on avait joué il y a bientôt un an, on se retrouve avant Liars et après des groupes electro ou plus folk, et le public était fantastique. Ce qui est plus gênant, c’est d’être clairement identifiable : pour certains nos mélodies sont trop pop, pour d’autres nos rythmiques trop rock. Ce contraste, finalement assez atypique, rend peut-être notre musique moins accessible. Si aujourd’hui on n’a clairement plus envie de faire du rock, ça ne signifie pas pour autant qu’on va simplifier la formule. Et si on mettait des rythmes hip hop ou des éléments dub dans nos chansons ? Je crois bien que ce serait toujours A Second of June.