C’est d’ailleurs ce côté sombre qui anime les douze titres, basés sur des rythmes saccadés, sobres dans leur « décor » et habillés par des sons souvent imaginatifs (Count backwards). L’utilisation de l’electro est plus récurrente mais assez parcimonieuse pour ne pas envahir l’ouvrage, et quelques tempo plus marqués jonchent le disque, comme sur Pretend. La machine y prime sur l’organique mais ne dénature pas un album que ses climats saisissants mettent en valeur, et qui peut faire dans le spatial troublé (The long goodbye), après une entrée en matière alerte et qui plante le décor; chant plutôt discret mais marquant, créativité sonique et esprit libéré gouvernent et créent des contours musicaux assez originaux et personnels pour plaire sur la durée.
Sur Common exchange, aux percus lourdes, l’effet se confirme et le côté « dance » du procédé s’efface devant l’atmosphère déviante qui s’impose. La qualité demeure, donc, et prend des formes variées sans éroder les vertus d’Emika, spatiale sur FM attention et Drop the other, exotique sur Come catch me et ses spirales de claviers bienvenues. Ce premier effort se terminant par un titre au piano moins intéressant, car plus convenu, que le reste. Ce qui n’entache guère l’attrait exercé par la ressortissante de chez Ninja Tune, label aux productions décidément exigeantes et décalées mais qui, souvent, méritent que l’on s’y penche.