Elegant Fall
A ces deux formations en vue s’ajoutait Topsy Turvy, quatuor noyonnais mi-féminin/mi-masculin au rock hard ratissant large, d’obédience 70’s et assez pêchu, intéressant à découvrir.
Dans un endroit à mon sens trop peu utilisé au vu de sa configuration, idéale, c’est donc Elegant Fall, anciennement M.O.R.E., qui ouvre le bal et met le public dans les bonnes dispositions avec sa pop-rock finement ciselée, magnifique et entrainante sur Reflexion two, plus post et tout aussi subtile sur Faces. De nouveaux morceaux étoffent un set qui marque également, du côté de Ronan Mézière et ses musiciens, une belle avancée et des capacités à forcément prendre en compte. Atmosphérique et mélodiquement irréprochable (You made me realize, qui ne sonne certes pas comme celui de My Bloody Valentine mais dévoile d’incontestables qualités), bien étoffé par le clavier, sans excès, voilà un set largement estimable, qui suscite l’envie de voir son contenu figé sur support cd et de revoir le groupe pour rêver et se laisser transporter au son de Times, avec sa belle envolée instrumentale, et autres chansons attrayantes proposées.
Topsy Turvi
En seconde position, les isariens de Topsy Turvy allaient eux aussi jouer un gig digne d’intérêt, souvent énergique, manquant peut-être de relief en certaines occasions mais efficient et bien équilibré entre les tendances parcourues. L’attitude et la bonne humeur des deux filles, les poses d’un guitariste très métal et les morceaux de bonne facture contribuent à ce que le groupe de Noyon s’impose comme une découverte estimable. Les chants des demoiselles contrebalancent une instrumentation mordante et la diversité du répertoire, de même que le côté inclassable de Topsy Turvy, jouent en sa faveur. Perfectible certes, la formation de Victoire Delnatte n’en démontre pas moins ses possibilités, évidentes. Il aura bien sur à parfaire son identité mais vaut déjà le détour, avant les Sobo et leur collection de titres maintenant très personnels.
Neo-cold, comme on peut le lire sur le Bandcamp du groupe -l’appellation est je pense fort juste, l’émancipation étant manifeste-, Sobo va livrer un concert en tous points remarquables, ayant pour ainsi dire presqu’entièrement digéré des influences qui à leurs débuts et en toute logique étaient plus décelables. Entre l’éblouissant Space time, en jouant de façon soudée avec un groove cold imparable et des volutes synthétiques qui ornent merveilleusement le tout, et Tommy tommy, Pierre Slick et ses quatre collègues revisitent avec talent et imagination la période allant des late 70’s à l’ère actuelle. Faisant en plus preuve, au milieu de leur impact sonique indéniable, de subtilité. Cold, post-punk, new-wave, peu importe le genre: inclassable, avançant avec l’assurance et la forcé créatrice d’un groupe qu’on ne peut déjà plus qualifier de « jeune », Sobo conjugue par exemple la froideur d’un Joy Division, la complexité géniale des These New Puritans et la new-wave cold et classieuse des frères Lomprez, ajoute à l’ensemble des gimmicks imparables à la Foals, un zeste de bruitisme façon Sonic Youth et à l’arrivée, enfante un style de plus en plus singulier, matérialisé par des morceaux de haute volée.
Sobo
Superbe « surprise » donc, qui n’en est pas vraiment une mais produit un effet notoire, Sobo conclut donc avec brio un Quai des Jeunes appréciable, dont nous attendons désormais les éditions futures avec impatience et curiosité.
Photos William Dumont.