Rock School Barbey, Bordeaux. En ce jour de Novembre pré-hivernal, l’occasion était bonne de se réchauffer avec Deportivo, dont le troisième album « Ivres et Débutants » enterre leur réputation de groupe prometteur pour en faire l’un des plus talentueux, de manière confirmée, sur la scène française. Deportivo n’est pas juste un groupe de « Rock Français » qui sort du lot, mais se targue d’influences indie rock britannique et garage rock brut, d’une écriture acérée et poétique, et ce depuis le début.
Les fans de la première heure, parfois déçus suite à la prise en main de Gaëtan Roussel à la production de l’album, pouvaient se poser des questions quant à la performance live actuelle du groupe.
Ce troisième album justement, orienté plus pop et grand public, révèle encore une fois un talent certain dans l’écriture, juste et belle, et une recherche plus marquée dans la mélodie (on y entend moultes instruments à vent, à corde, du synthé).
Avant de s’apercevoir que Deportivo est une bête de scène, les spectateurs bordelais ont d’abord goûté au rock engagé de Grandjacques, qui fit planer le premier l’ombre appréciable de Noir Désir.
Dotés d’un chanteur-leader charismatique, à la voix impressionnante, et d’un batteur très en forme, Grandjacques nous permet de goûter à des cris exquis, des envolées progressives de riffs lourds et perchés.
C’était la première bonne idée de Deportivo, que d’inviter ce groupe bordelais aux qualités certaines.
Deportivo débarque enfin et se fait plaisir. Loin d’oublier leurs origines, ils offrent un live plein d’énergie, alternant plus de la moitié de chacun des albums à leur actif.
La voix du chanteur, Jérôme, est aussi agréable en live que sur les enregistrements, et les riffs du dernier album sont habilement musclés.
Au fil du live, rock n’ roll à souhait, on partage tous ensemble, public et membres du groupe, un vrai moment de musique et de rigolades.
Le chanteur se balade dans le public, qui lui, s’invite sur scène pour danser. On se croirait entre potes de lycée, on s’est tous retrouvé, et on fait la fête volontiers. Et comme toute bonne classe lycéenne qui se respecte, on laisse faire le clown, Jérôme donc. Il refait le plafond à sa guise lors d’un slam, imite Claude François, va faire un tour dehors et revient sur la fin, nous faire des reprises d’Alain Souchon et de Louise Attaque, juste pour le plaisir.
On se souviendra donc bien de cette soirée, où le groupe nous rappelle, avec dérision, que la chanson Ivres et Débutants (excellente, au passage), n’est pas une reprise de Gaëtan Roussel. Elle aurait pourtant, en effet, bien pu se trouver sur le dernier album de celui-ci.
Parmi Eux est je cite « la chanson qui nous a fait connaître mondialement … du moins en Dordogne ».
Bref, de l’humour, du rock n’ roll, un vrai plaisir d’écoute pour une soirée excellente, presque une réunion de famille. Le concert eu d’ailleurs lieu dans la petite salle de la Rock School, beaucoup plus intimiste et dans l’esprit indé de la soirée. Il y a des signes qui ne trompent pas.
L’un des meilleurs concerts de l’année pour moi. Merci Deportivo.