Voilà la recette rêvée pour passer une belle soirée, appliquée hier par la Grange à Musique creilloise qui donnait donc l’occasion à Buddy Hemlock d’ouvrir sur de belles planches, étape appréciable dans l’avancée des isariens. Directement en phase -on le remarque vite- avec les 70’s et leur indémodable esprit, la formation menée par Heddi au chant s’en sort bien, proposant un set court mais bien exécuté et étayé par des compos oscillant entre rock, blues et élans psyché. Parfois complexes, ses morceaux n’en tiennent pas moins la route et à l’arrivée, ces Buddy Hemlock perfectibles dans le répertoire comme dans la tenue scénique -le constat est logique compte tenu de leur jeune âge- auront fort bien assumé cette apparition. Doués, gageons qu’à l’avenir, ils sauront étoffer leur carnet de route et l’individualiser et livreront sans nul doute des prestations plus abouties encore.
Passé cette entame plaisante, les deux moustachus de Bare Wires et leur acolyte survolté investissent la scène et, sans plus tarder, balancent une collection de morceaux compacts et mordants (Artificial clouds), animés entre autres par des riffs bien sentis (Dancing on a dime), jalonnés par des titres plus pop (I love you tonite, superbe) et magnifiés par des mélodies certes urgentes mais elles aussi marquantes. Touche à tout, en s’en tenant à une attitude ouvertement rock, libre et insoumise, le trio joue avec énergie et affiche une prestance scénique incontestable. Signé sur le label de The Oh Sees, preuve supplémentaire de sa fiabilité, le groupe en est à trois albums, dont un parfait Cheap perfume sorti récemment, sur lesquels il s’appuie pour signer des concerts hautement estimables. Il faut dire qu’avec le feeling poppy d’un Never gonna change et des embardées power-pop à la fois tranchantes et mélodieuses, ce sens de l’association de genres au final parfaitement imbriqués, les Bare Wires mettent tous les atouts de leur côté, pour s’imposer en toute logique et susciter l’envie de les revoir de se « mettre dans les feuilles » leurs opus sans erreurs, à l’instar d’ailleurs de leurs concerts.
Déjà heureux, donc, de ces deux gigs, voilà que Denis Barthe, Jean-Paul Roy et leurs deux artificiers Vincent Bosler (Spooky Jam) et Olivier Mathios (Ten Cuidado), le premier d’entre eux se fendant de poses spectaculaires et dévoilant un jeu de scène dynamique, très en vue, apparaissent pour offrir à un public enthousiaste une belle revue de chansons qui défouraillent, assortie bien sur des habituelles reprises (Clash, Motörhead, AC/DC et les Stooges), convenues mais représentatives d’une mentalité 100% rock, fun aussi, que double une expérience significative qui permet au groupe de signer des titres plus que solides. Parfois chantées en Français sans que cela ne dénote le moins du monde, ces compositions simples et entêtantes, taillées dans le vif d’un rock urgent, font mouche et créditent grandement ce projet né, à l’origine, d’une demande d’Albert Dupontel pour son film Enfermés dehors. Avec bonne humeur et sans se prendre la tête, The Hyenes assurent parfaitement et s’en tiennent à des choses aussi simples que bien ficelées, leur mordant rock, l’urgence de leur set et ce son sans concessions faisant d’eux un immanquable pour tout un chacun.
Pour conclure, une soirée recommandable de plus dans l’antre du boulevard Salvador Allende, éclectique et complète dans sa programmation et qui nous réserve bon nombre d’autres surprises à venir.
Photos William Dumont.