Au final, on a joué fort et vite et sans dire que les concerts furent mauvais, loin de là, les trois formations disposant respectivement d’un répertoire de qualité et scéniquement de bonne tenue, il aurait été bon de nuancer le propos de façon plus marquée.
Ceci dit, l’efficacité est de mise et le public amienois y trouve son bonheur, avec pour commencer donc Citadelle Deluxe et son rock/hard high energy, principalement influencé par Motörhead « mais pas que ». En s’appuyant sur le très bon Warbeer, les dynamiques Wachu-Chulu et Angus Powers, aux poses multiples et spectaculaires, et leur section rythmique défouraillent et complètent leur allant rock à l’aide de plages plus bluesy bienvenues. Plaisante, l’entrée en matière dégage le chemin pour Zoé, au stoner/rock’n’roll lui aussi vigoureux, souvent joué pieds au plancher (Time to take). Avec des titres comme Wanker for life, Fat city ou Shot me down (tiens, Zoé bride ici le tempo, belle initiative!), ou encore Blue devils, ça riffe dur et juste et Zoé démontre pour sa part une belle aptitude à amener des mélodies bien dosées et bien intégrées à sa collection, solide, de morceaux issus de ses deux opus. Habitué à la scène, qu’il a pu partager avec de bien belles formations (The Bellrays, Lords of Altamont, Fleshtones, The Saints etc…), le groupe calaisien signe une apparition comme à l’accoutumée intense et probante.
Ceci étant fait, ne reste plus à Buwkowski qu’à s’installer, ce que le groupe fait en érigeant sur le bord de scène une petite estrade dont on se doute, l’idée est prévisible et un peu « cliché », qu’elle lui servira à « communier » avec l’assistance Lunaire. Inutile, celle-ci étant de toute façon déjà acquise à la cause des parisiens, qui ratissent large et dévoilent un panel influencé mais consistant. On oscille entre néo, rock et métal et on ne sera guère étonné de savoir qu’un des membres vient de Wunjo. Si les titres joués ne déméritent pas, on peut se poser la question d’une réelle unité et de l’identité propre du groupe, qui parvient cependant à susciter l’adhésion, par ce côté large et indéfini, du plus grand nombre. Carnivorous et Stuck in the mud, par exemple, passent bien et, combinées à Slugs and bats et sa trame plus mélancolique et l’énergie fonceuse de Hit the ground again, constituent un set complet, mais dont se dégage un arrière-goût de « déjà entendu », voire d’opportunisme.
Qu’à cela ne tienne, Bukowski rafle la mise et fait pogoter et transpirer la Lune, la puissance d’un The downtown revenge contribuant évidement à ça, à l’instar d’un The desert lui aussi de bonne facture. Il faut se rendre à l’évidence, le trio ne crée rien mais maitrise son univers et s’est d’ores et déjà forgé une réputation contestable quant à l’existence d’une touche personnelle avérée, mais justifiée au vu de la diversité offerte et de la mainmise des Franciliens sur leur jeu. Fight illustre le constat et finalement, avec Midnight son, aussi, et une expérience de la scène déjà affirmée et bien travaillée, « Buko » s’impose. De façon durable auprès des déjà convertis, et beaucoup plus ponctuelle et éphémère concernant les plus exigeants et avides d’innovation.
Bonne soirée donc, à mettre à l’actif de Nao Noïse dont les actions s’avèrent souvent pertinentes et bien pensées.
Photos William Dumont.