Emouvant, auteur de compos de qualité, Régis Israël se met donc en évidence, discrètement accompagné par son guitariste additionnel, lasse par la répétition de plans folk trop récurrents mais s’en sort avec humour et dérision et, surtout, en variant son propos en fin de concert. Pour se faire, il recourt à une trame electro et des grattes plus dures et finalement, on regrette que les deux hommes n’aient pas pris cette initiative plus tôt. Leur set n’est n’est pas mauvais, loin s’en faut, mais aurait gagné à se montrer plus large, moins restrictif. A revoir donc car de toute évidence, les aptitudes sont bel et bien présentes chez GreenShape, qui a déjà ouvert par exemple pour The Tellers.
L’attente, ce soir très courte et on s’en réjouit, commence alors et Chokebore investit alors la scène en toute modestie et en toute simplicité, sur de sa force et de son expérience, sur d’un répertoire imprenable aussi. Forts d’un nouvel EP, Falls best, qui étoffera superbement le concert du soir, Troy et ses collègues réalisent une véritable démonstration de puissance et de sensibilité, isolément ou, plus souvent, au sein de seuls et mêmes morceaux. Compact et délicieusement démonstratif dans le chant, le groupe d’Hawaii hébergé en France par Vicious Circle nous régale de ses nombreux standards de ce rock plaintif et massif, entre Shine et A taste for bitters en passant par l’exceptionnel You are the sunshine of my life, ainsi qu’une pléthore de morceaux solidissimes, et nous montre que le temps et la coupure de quelques années ayant freiné le parcours du groupe n’ont aucunement altéré sa valeur.
Au contraire et tout comme les bonnes cuvées, Chokebore semble se bonifier avec l’âge et la reconnaissance de Troy à l’égard du public atteste de sa joie de jouer et de sa satisfaction, au moins aussi grande que celle des fans venus célébrer l’apparition des géniteurs d’Anything near water ou Black black. Soudé, remonté et doté d’un vécu qui lui assure une belle stabilité, les frères Kroll, Christian Omar Madrigal Izzo et le sieur Von Balthazar signent un concert, je tente pour le coup de demeurer objectif, parmi les plus marquants de ces derniers temps, au moins en ce qui concerne la salle du quai Bélu. On est gâté, privilégié même vu le nombre de titres servis, et on ne boude bien sur nullement un plaisir à la fois mental et physique dont les séquelles généreront de superbes souvenirs et un bonheur durable.
Photos William Dumont.