C’est le cas de The Blue, projet initié par Olivier AKA Ted Warigo, qui se fait assister pour l’occasion de deux créatures virtuelles: Droid Electra, Chanteuse Androïde, et DJ Aphrodite Terra, Archange Vénusien. Le bonhomme, déjà humainement attachant, se montre performant sur le plan musical et signe un album de haute volée, qui mérite, bien plus que la plupart des productions hexagonales actuelles, d’être connu et reconnu. Il y fait tout, des arrangements à la production en passant par la pratique de tous les instruments, et livre douze titres étincelants, racés et recourant à un panel musical large. On pense à Ultra Orange première période, celui de Peep show 3000 et Discovery disco, Ted usant de formats electro-pop de superbe facture, mais le simple cadre du genre est ici dépassé et surpassé.
L’artiste se situe entre Hendrix et Kraftwerk et en effet, l’auto-estimation se justifie à l’écoute de ces plans electro-pop aux voix parfois traficotées, immanquablement attrayantes, mâtinées de guitares nerveuses ou plus sages, elles aussi merveilleuses (Mind’s adventures et une pléthore d’autres titres). Des effets synthétiques inventifs alliés à des voix féminines charmeuses épicent le tout et dès les premiers riffs de Blow on the white line, on se prend au jeu de ce métissage magique, prenant et entièrement probant. Tout ici est parfaitement conçu, les envolées guitaristiques et le chant de ce premier morceau donnent le ton et le bougre ne lâchera sa « proie » qu’aux dernières mesures de Mission Amiens, ultime essai aux airs évoquant un Gainsbourg electro-rock. Le chant entre Français et Anglais ajoutant à l’attrait du résultat, intéressant dans les thèmes abordés tout comme, vous l’aurez compris, dans son contenu musical.
En début d’album, Ballad of Mrs Peel, fait d’un funk-rock agrémenté de scratchs bienvenus et relevé, comme de coutume, par des guitares aiguisées, porte aussi en lui cette touche psyché qui étaye efficacement le propos du trio. Les titres-phare pleuvent et de la « coolitude » de Casquette d’acier et toque de vison, cosmique, à l’allant d’Electro-harmonix fever, cadencé et porté par un chant encore une fois remarquable et des six-cordes aussi subtiles dans leurs élans funky que bourrues lorsqu’elles durcissent le ton, on a droit à une entame parfaite dont la qualité optimale se répète à l’envie sur les titres suivants.
Aucun n’est d’ailleurs négligeable et pour faire court, le mieux à faire avec un tel opus étant de passer très vite à l’écoute, on distinguera le spatial et bien nommé Psycho Amiens, le plus poppy Steel cap and mink pillbox ou encore Bons baisers d’Electra avec son cheminement, addictif, entre distinction du mot et de l’ornement et rudesse des guitares, élément décisif parmi beaucoup d’autres de Mission Amiens et de l’univers de The Blue.
Plus loin, le funk de Three stone street, posé, et les effets sonores de Marquise de Picardie, appuyés par cette gratte insoumise et créative à souhait se distinguent à leur tour. Enfin et en précédant les deux morceaux de fins cités plus haut, So Emma et son canevas fin et acidulé à la fois vient parfaire un disque dont je ne saurai que trop vous conseiller la découverte imminente, toutes affaires cessantes. Superbe ouvrage!