The Black King
Pour le coup et de façon logique, le Seigneur a détrôné le Roi mais les jeunots de la cité normande, (trop) influencés par le rock/hard des 70’s, ont tout de même mis à profit l’opportunité pour afficher un bon comportement scénique, suivi qui plus est par une assistance de proches bien garnie. On riffe sans fioritures, le tempo est souvent élevé et les compos, animées par une voix mature en dépit de la jeunesse de son « propriétaire », méritent l’écoute. De plus, le quatuor démontre une belle énergie, une certaine maitrise instrumentale et une symbiose en devenir, qui laissent augurer d’une suite de carrière -ils sont jeunes et disposent donc encore d’une grosse marge de manoeuvre, soulignons-le, conséquente- à suivre de près. Entre Breakin’ the wave, un Born to break your balls ouvertement Zeppelinien et Washed up with beer, un bon moment donc, et une découverte de plus due à l’équipe du 106, bon préparatif au Lords tant attendus.
Et ces derniers, qui incluent dans leurs rangs, excusez du peu, des ex Cramps, Fuzztones et Bomboras s’étant remarquablement « émancipés », ont littéralement mis le feu au Club, et administré une salvatrice raclée tant sonore que visuelle (la présence d’une délicieuse danseuse, perchée sur un petit podium, a elle aussi marqué les esprits) à un public déchainé, on le comprendra aisément. Emmenés par l’époustouflant Jake « Preacher » Cavaliere, les Américains, entre énergie punk et bourrades hard-rock 70’s reliftées avec classe et un allant détonnant, le tout sous couvert d’un esprit garage et de mélodies parfaites, prises dans le flux de leur rock tendu, se sont imposés sans délai. Il faut dire que le dernier album en date du gang, le justement intitulé Midnight to 666, est lui aussi de haute volée, ses titres servant de support à cette éblouissante prestation réhaussée par les éclaboussures de clavier de Jake qui finira d’ailleurs le show slammant sur les crânes de jeunots aux anges, sans jeu de mots par trop mythologique. De beaux moments d’accalmie…temporaire nous sont offerts, avec par exemple Save me (from myself), et la « fringance » de la collection de titres joués fait la différence, en partant de F.F.T.S. et sa vigueur riffante débridée pour enchainer avec You’re gonna get there et Soul for sale, aussi convaincants, ou les saccades de Bury me alive. Avec Get in the car et combinés aux morceaux d’albums précédents, ainsi qu’à une reprise toutes griffes sorties du Kick out the jams du MC5, inutile de palabrer outre-mesure: magistraux, les Seigneurs d’Altamont ont signé un show sans réel égal, en contraste avec leur retenue polie durant l’interview donnée auparavant dans la bulle radio du 106.
Ceci étant dit, cap, à nouveau, sur l’antre dirigée par Jean-Christophe Aplincourt pour My Little Cheap Dictaphone et avant le « menu » Cults/Dirty Beaches de la fin octobre…
Lords of Altamont
Photos William Dumont.