Old Battlefield Entertainer
Old Battlefield Entertainer a donc ouvert le bal, jouant un folk-rock énergique et inspiré qu’ornent de jolies partitions acoustiques, adroitement confrontées à des élans bien plus électriques, et qui peut en certaines occasions rappeler le meilleur du New Model Army de Justin Sullivan. Voix entremêlées et harmonica délicat se joignent à l’ensemble et d’emblée, le set des locaux déclenche, très justement, les vivas d’un public au sein duquel on retrouve logiquement les « aficionados » de la structure concernée par l’évènement. Des morceaux comme Old battlefield ou All in all et son côté Violent Femmes, ou encore Thank’s bitch sont de haut niveau et à l’issue de ce gig, le doute n’est guère plus permis quant à la bonne tenue musicale de cet anniversaire.
39th and Norton
Le 39th and Norton de Guillaume Maurice investit alors la scène et, fort d’un son acéré, jouant plus « remonté » que lors de sa belle prestation de juillet, signe lui aussi une prestation convaincante, valorisée par les titres d’un récent album enregistré..au Kalif bien entendu. Gestuellement remuant, 39th and Norton gagne en cette occasion des galons supplémentaires et Monkey, l’imparable Jetson et le nerveux et racé The letter killeth (Jim Jones) passent l’épreuve haut la main et « I swear it » comme le chante Guillaume en phrase conclusive de ce titre, les protégés du Kalif sont décidément à prendre en compte et le vivier de groupes « du coin » particulièrement fiable.
Gordon Melon
Gordon Melon crédite ensuite ce constant en imposant lui aussi un concert musclé, que charpentent les titres probants de son récent EP Hot pieces et qui démontre que les trios, l’expression se justifie, « envoient » comme il se doit. Compact et plein d’allant, agrémenté de mélodies soignées passées au filtre d’une belle énergie, le rock de la formation de Robin Plante, par ailleurs guitariste de 39th and Norton (ici, il chante un peu plus et le fait très bien), Florent Dubois et Pierre-Maximilien Dracon engendre lui aussi un effet significatif et dégage efficacement la route pour les rois de la soirée: Steeple Remove, qui a à son actif déjà deux opus d’un shoegaze sonique ou céleste de haute volée.
Steeple Remove
Ceux-ci prennent, live, une envergure supplémentaire et les Radio kill surfers ou Gonzo gazing, ou encore Desorient express et Love machine, enfantent un univers sonique qui, très vite, prend l’auditeur dans ses filets. Vif ou plus saccadé (Yellow loop, excellent), Steeple Remove instaure aussi des scories psyché bruitistes, finement conçues, et combine parfaitement l’énergie de Radio silence avec le côté plus mesuré du dernier disque en date, le brillant Electric suite. Joliesse pop et dérapages sonores plus noisy s’y côtoient avec bonheur (Magnétosphère, magique) et on sent au sein du quartet une cohésion peaufinée par l’expérience et la dextérité des intéressés. Capable d’installer une atmosphère qui lui est propre, loin d’une normalité qui le desservirait, le groupe a donc conclu avec brio, dans une pénombre parfois traversée de brefs et intenses éclairs lumineux qui lui sied fort bien, ces 15 ans du Kalif.
Lequel, au vu de l’évènement, mérite plus que jamais attention et reconnaissance et continuera sans nul doute, de longues années durant, à oeuvrer efficacement à l’évolution des nombreux « bands » du cru.