The Jackhammers
Comme souvent, la première partie allait révéler un combo de qualité et valider le choix par le 106 de lui offrir la possibilité, appréciable, d’ouvrir pour Little Bob. Malgré un set un peu court et sans chambouler le genre, le quatuor est parvenu à transporter le public par son alliage puissant et entrainant, contenu juste ce qu’il faut, entre stoner, rock 70’s et force de frappe décisive.Like a dog, délicieusement braillard, ou Turn round, plus posément bluesy, de même que Giving rock, aux riffs crus, à mi-chemin des deux tendances explorées par lesdits morceaux, ont, sur les six ou sept titres joués, apporté la preuve d’aptitudes qu’on demandera aux Normands de continuer à parfaire. En tout cas, l’intensité scénique et le contenu de ces chansons sans concessions les place sur les bons rails et gageons qu’en travaillant à la personnalisation accrue de son répertoire, The Jackhammers franchira un pallier supplémentaire.
Little Bob
Pour l’heure, le leader Aurélien et ses « flingueurs » ont assuré un set intéressant, qui attise la curiosité quant à leur devenir et rassure sur le potentiel démontré tout en chauffant efficacement la salle pour Little Bob.
Plus qu’attendu, ce dernier nous a gratifiés d’une apparition d’autant plus marquante qu’elles sont pour le moment éparses, jouant avec ses briscards de musiciens des reprises fringantes (Tom Waits, Skip James ou Howlin’ Wolf…) couplées à des compos personnelles qui, tout en se montrant feutrées, possèdent ce côté félin, sauvage et incandescent qui force l’admiration. Il n’est plus question, ici, de blues, de jazz ou de rock, mais bien d’un amalgame individuel de qualité supérieure, puissant et travaillé, plein de feeling et aussi « bleuté » par ses élans bluesy que rougeoyant sous les coups de boutoir d’une guitare auxquels répondent les soubresauts de la rythmique et un contrebasse au groove remarqué. Notre homme chantant comme à la première heure, avec dans le même temps rage, sentiment et classe empreinte de respect, de gentillesse et de reconnaissance, on se retrouve vite emballé, jeunes comme aficionados de longue date, ceux-ci se trouvant aux anges face à cet homme talentueux et désarmant de sincérité.
Little Bob
De nature à en remontrer aux plus jeunes, Little Bob, sans forcer le trait, porte en lui ce charisme sobre, ce sens de l’échange et l’expérience qui font qu’à l’arrivée, on vit un moment singulier dont on ressort enchanté. Avec, en plus de ça, une cohérence de groupe et une maitrise qui lui assurent d’éclatantes prestations. Celle du soir étant bien entendu à classer dans cette catégorie, et constituant pour l’assistance du Club une soirée qui restera dans les mémoires et dont on sait d’ores et déjà, ce qui ne gâche rien, qu’elle en précède d’autres tout aussi abouties. Ceci valant autant pour Little Bob et ses Blues Bastards à l’avenir que pour le 106 et sa programmation incontournable.
Photos William Dumont.