D’intro psyché (Messenger) chatouillée par des guitares qui s’épaississent au fur et à mesure de son avancée, en final apaisé très aérien (Cranes), tous deux remarquables donc, les orfèvres pop balancent un In the snow agité, aux grattes subtiles puis puissantes, que les chants féminins enjolivent sur fond de sons de clochettes irrésistibles. Tout morceau vaut son pesant d’or et Easy take, moins direct mais aussi séduisant, fort de cette majesté pop qui caractérise les oeuvres supérieures, puis un Morning sun à la sérénité muant ensuite en furia sonore à peine bridée, démontrent qu’en la matière, la clique de Bordeaux n’a tout simplement pas son pareil.
Il n’y a ici que des temps forts, bien alternés entre accalmies et coup de semonces impulsées par des six-cordes qui vient troubler la beauté pop des différents organes, et le morceau suivant, Five years, illustre bien cette démarche entre élégance et attitude rock musclée. Le savoir-faire de ces garçons et filles est étonnant, mis en valeur par le fracassant Attila aux airs de chorale noisy, où les voix livrent un duel sans merci à ces guitares plombées. Splendide, l’album offre ensuite un Looking for posé, puis un The world qui semble prendre la même voie avant que sa seconde partie ne s’emballe tout en gardant une bien belle retenue et que la cohérence, la synchronisation et l’harmonie parfaite des chants vienne parfaire l’oeuvre générale.
Queen of the night, lancinant, sur de sa force et déployant lui aussi de superbes mélodies, s’allie ensuite à Give me time, plutôt appuyé et breaké comme il se doit, pour présenter une fin d’album sans ratés, d’un niveau tout aussi élevé, passionnante. Et pour finir, le Cranes présenté plus haut apporte la touche finale à une palette étincelante, pleine de style et de classe, élaborée par ces Crane Angels auxquels peu d’équivalents existent pour l’heure si ce n’est chez les remois cités dans mes premières lignes.