L’attente était même double puisque le quatuor mené par l’explosive Emilie Ik au chant, auteur récemment d’un Planned obsolescence de folie, noise et impétueux, nous faisait la surprise d’une apparition scénique en nos terres. L’essai n’a pas raté et entre l’énorme Flash, issu de l’excellent Flying above scarecrows et le cinglant Checkpoint, le groupe, soudé et s’appuyant sur un registre bourru mais jamais dénué de subtilité dans l’approche et la conception des morceaux, s’est imposé comme une nouvelle valeur sure hexagonale de sa mouvance. Remontés, les protégés du label Katatak sont parvenus à valoriser et optimiser un panel de titres dont aucun ne s’avère critiquable.
Guardian of trash, presque psyché, ou l’épais et lancinant Swedish kids, couplés au plus finaud Company, ont ainsi mis en évidence la maitrise du groupe et son ingéniosité dans la composition, et lancé la soirée de belle manière.
Berline 0.33
Suite à cela, la réapparition du groupe d’Yves Royer, dont le « Bonsoir Amiens! Ca fait si longtemps » ému a du en marquer plus d’un, a mis fin à l’attente fiévreuse des gens d’ « époque » et des plus jeunes, curieux et avides de sons cold et souterrains. Le show, empreint de nostalgie, une nostalgie exaltée par la pléthore de morceaux significatifs signés du charismatique chanteur et de ses acolytes, touchant en plein coeur une assistance acquise à sa cause. On serait d’ailleurs bien en peine, au sein de cette multitude de titres forts, de mettre l’un ou l’autre en avant tant le show s’est avéré prenant de bout en bout et ce d’autant plus qu’en notre ville, ce créneau est pour l’heure fort peu mis en avant. L’initiative était donc louable, l’écoute de Le fil et des titres du récent Abrutir les masses, plus que solide, en faisant évènement tout simplement immanquable.
Guerre Froide
Toujours « vert », Guerre Froide bouscule et dynamise le paysage musical actuel, offre du bonheur cold poétisé à qui lui accorde son attention, lâche au passage un tube parmi d’autres assez remarquable (Demain Berlin et ses langues entremêlées), et allie le synthétique et organique avec le savoir-faire que ses références (Charles de Goal, Wire, Young Gods et Joy Division d’ailleurs magnifiquement repris ce soir) affichent de façon récurrente. Guitares éparses et acides (Saint Ex), tempo souvent soutenu, basses charnues, chant et poses remarquées du sieur Royer; tout y était et le come-back amienois du groupe, assorti de projections de fond de scène appropriées, aura donc conquis une « Briquet' » que nous remercierons chaleureusement pour ce moment dont on espère d’une part qu’il incitera Guerre Froide à se produire de façon plus régulière encore en nos terres, et d’autre part qu’il marquera le début d’une année ruche en concerts du même type.
Guerre Froide
Photos William Dumont.