Sa voix pleine de gouaille et de dégout trouve l’enrobage musical idéal, entre un Bailin’ the jack pesant, balafré par le sax de Terry Edwards, et un Forever on the run terminal implacable, cadencé, conclusion sauvage d’un disque qu’aucun auditeur, et c’est bien là ce qu’on attend de Madame Lunch, ne parviendra à dompter.
Noir et parfaitement exécuté, le répertoire de la clique ainsi constituée touche au génial quand il trace et cogne (Cross the line), comme quand il revêt des atours bluesy qui en remontrent aux Kills (Won’t leave you alone), parachevant un travail sur les ambiances déjà bien peaufiné et arrosé par les stridences de Johnston et Edwards, Ian White se chargeant lui de donner le tempo de ce Trust the witch de haute volée.
Côté chant déchiré sur instrumentation massive, Mahakali calling impose sa noirceur, ses guitares incandescentes, puis le psychédélisme de Trust the witch accroit, si besoin était, l’étendue et l’impact de l’ouvrage livré. On retrouve ensuite, sur Devil’s working overtime, un tempo intermédiaire et l’horizon se fait moins opaque et tout aussi probant, délibérément étiré sans paraitre décousu, loin de là. Where you gonna run voit la prêtresse underground se mettre, pratiquement…à rapper, pour un résultat époustouflant, parfaitement valorisé par ses acolytes et leur intervention tendue. Tendue comme l’ensemble et comme Collision course, impénétrable, incoercible aussi, sur de sa force et de sa puissance de feu en dépit d’une cadence bridée.
Enfin, Not your fault, à ranger dans les longs formats, exhale lui aussi des relents psyché malsains et jouissifs, lancinants, et parfait un album remarquable, fruit d’une association qu’on pressentait adaptée et qui, ici, fait feu de tout bois.