Cette année, mon parcours m’a mené de Gablé, superbe surprise au rock à la fois ludique et tranchant, mélodique et tempétueux, au Jon Spencer Blues Explosion et sa déception finale, décousu malgré son choix d’un best-of originellement attrayant.
Gablé
Entre les deux, jugez du peu -et encore, la fatigue et certains autres facteurs m’ont amené à délaisser quatre ou cinq autres concerts de taille-, Carl Barat (fade et sans relief, mais « nous y étions », comme on dit après ce genre de rencontre), Peter Hook et sa pléthore de morceaux de Joy Division, parmi lesquels un Dead souls à couper le souffle, les Born Ruffians et leur alliage pop/folk/electro savamment bricolé, ont investi la grande scène et offert de la joie au public nordiste, la véritable révélation venant toutefois des premiers nommés dont je ne saurai que trop vous recommander l’album Cute horse cut et, donc, la vision live. Voilà donc pour le vendredi, dont la conclusion revint à Curry and Coco, très en verve et forts de leur série de tubes electro-pop/new-wave imparables, qui confirmèrent dans le même temps leur impact scénique et la bonne tenue du jour des artistes hexagonaux.
EliotE & the Ritournelles
Le samedi, après la découverte d’Aulnoye et son esprit « d’euch’Nord » haut en couleurs, ce fut dans un premier temps la découverte du Drugstore et d’EliotE & the Ritournelles, superbe trop pop-folk raffiné et aérien, aux fulgurances noisy appréciables. Enorme découverte donc, suivie par un Scott H.Biram que je connaissais déjà pour l’avoir vu à Rouen mais dont la formule et les morceaux au charme suranné, géniaux et fougueux, font mouche en toutes circonstances. Moment marquant donc, avant de rejoindre la Grande scène et Obsolete Radio, jeunots au rock’n’roll prévisible, qu’on compare à Klaxons ou Bloc Party mais chez lesquels, malgré d’honnêtes compositions, je n’ai décelé que peu de similitudes avec les artistes nommés. Suivent The Dragtones, suédois signataires d’un rock 50’s/60’s relifté avec classe, emmenés par un chanteur charismatique, qui déclenchent un enthousiasme délirant dans la foule, enchantée par la formule et l’allant du quintet.
The Legendary Tigerman
Arrivent ensuite les deux pointures de la journée: The Legendary Tigerman, tout bonnement magistral seul derrière sa batterie, avec ses morceaux à la fois sensuels et mordants, dont certains proviennent d’un Femina de haute volée. Communicatif, classieux et modeste, Paulo a, une fois de plus, apporté la preuve d’un talent énorme, s’appuyant de plus sur des vidéos aux débuts desquelles nous pûmes apercevoir Asia Argento sur l’écran géant, ce qui outre la dualité vocale flamboyante allait ajouter à l’attrait du moment. Un concert mémorable, sans aucun temps mort, plein jusqu’à la garde de titres parfaits assortis d’une attitude rock naturelle et aucunement « surjouée ».
Il ne restait alors plus qu’à accueillir Jon Spencer…et connaitre là une belle déception, devant un florilège aussi alléchant que décousu et incohérent, dont la longueur et le côté effiloché allaient même pousser certains spectateurs à quitter les lieux.
Ultime apparition ratée donc, en ce qui me concerne, qui n’efface toutefois pas l’excellence de ce festival parfait en tous points, bien organisé et truffé de noms ronflants auxquels s’associent des découvertes mémorables, et émaillé d’initiatives louables comme celles évoquées en début d’article.
Photos William Dumont/Camille Battez.