Aucun des deux n’a déçu et les premiers nommés ont donc entamé la danse en jouant un set de qualité, bien lancé par l’énergie d’une chanteuse en vue. Ayant de plus l’originalité due à la présence de cuivres, scéniquement efficace bien que manquant de ce côté « wild » que semblait annoncer l’album, Buttshakers s’est donc distingué tout en bénéficiant d’une marge de manoeuvre encore exploitable. Les morceaux sont bons, on oscille entre soul-rock et rock’n’roll énergisant, mais ça manque encore d’un réel impact et à mon sens, la « clique » gagnerait à jouer plus compact, plus « wild », moins policé. Néanmoins, elle est de toute évidence sur la bonne voie, pertinente, habile dans la composition, et ne tardera pas à gommer ce petit « défaut », lequel ne ternit d’ailleurs que de façon négligeable une belle apparition.
Place donc ensuite, le temps de traverser l’un des jolis pont « de séparation » rouennais, à The Street Chamaan, programmé sur la charmante place du Général de Gaulle, et que nous vîmes d’ailleurs jouer en deux occasions.
L’espace d’une première venue déjà annonciatrice de belles capacités, bien qu’on sente le poids d’influences que les nantais assimilent, il faut le dire, sans écarts criards, ceux-ci ont mis à profit, de façon nette et perceptible, leur second concert, donné à une heure tardive et de toute évidence plus adapté à leur jeu scénique et à leur type de musique. Remontés, énergiques, eux aussi adroits dans le « collage » entre chant rappé, plages taillées dans un rock énergique, riffant et insoumis, brèves ouvertures ragga, funk-rock groovy et bondissant, les Street Chamaan démontrent, avec tout juste un album sous le coude, de belles aptitudes. Perfectible certes -sa démarche d’individualisation est en cours et demande à être peaufinée-, mais prometteur et communicatifs, usant d’un registre large (attention, là aussi, à bien maitriser le panel), le quatuor semble promis à de beaux jours pour peu que l’occasion lui soit offerte de percer dans ce milieu âpre.
Bel espoir, en tout cas, dont le choix par l’organisation des Terrasses n’est nullement usurpé, et belle alternative, tout comme les Buttshakers, à certaines autres formations encore loin du compte, qui copient et sombrent logiquement dans une redite néfaste.
Photos Camille Battez/William Dumont.